Les critiques d'élus new-yorkais pourraient-elles pousser Amazon à renoncer à implanter un nouveau siège, avec 25.000 emplois à la clé, dans la capitale financière américaine? C'est ce qu'affirme vendredi le Washington Post, citant deux sources anonymes.
Selon ces sources, "des responsables d'Amazon ont eu des débats en interne récemment pour refaire le point sur la situation à New York et étudier des solutions alternatives".
Après la diffusion de ces informations, le géant de la vente en ligne a répété qu'il préparait son implantation à New York, mais sans démentir qu'il pourrait encore changer d'avis.
Dans un communiqué, il a souligné avoir commencé à tisser des relations avec ses "nouveaux voisins" et à monter des programmes de formation pour favoriser les emplois locaux et des cours d'informatique pour les étudiants new-yorkais.
"Nous travaillons dur pour pour montrer quel type de voisin nous serons", a ajouté Amazon.
Après avoir mis en concurrence une vingtaine de villes américaines, Amazon avait annoncé à la mi-novembre qu'il souhaitait installer un nouveau siège à New York, avec 25.000 emplois à terme, et un autre de taille équivalente dans la banlieue de Washington, à Crystal City en Virginie.
Si les autorités de Virginie ont immédiatement voté un paquet de mesures d'aide financières, le feu vert de New York n'est pas attendu avant 2020, a rappelé le Washington Post, qui appartient au PDG et fondateur du géant de la vente en ligne, Jeff Bezos.
**Pluie de critiques**
Depuis plusieurs semaines, le projet new-yorkais fait l'objet d'une pluie de critiques d'hommes politiques locaux et de certains résidents du quartier de Long Island City - situé à Queens, juste en face de Manhattan - où Amazon a annoncé son intention de s'implanter.
Ils craignent une explosion des loyers, un métro surchargé, et un exil forcé des classes moyennes au profit des cadres d'Amazon.
Leur opposition s'est exprimée avec force à l'occasion de deux réunions spéciales du conseil municipal, dominé par des démocrates qui affichent parmi leurs priorités la lutte contre les loyers chers et le soutien aux syndicats.
Lors d'une réunion fin janvier, l'un des élus de Long Island City, Jimmy Van Bremer, avait notamment vivement dénoncé l'opposition d'Amazon aux syndicats.
La direction d'Amazon, qui se pose en employeur à la fibre "sociale", voit, comme beaucoup d'entreprises américaines, les syndicats comme des freins à la croissance. Elle s'est opposée à plusieurs tentatives de syndicalisation de ses sites.
Autre critique récurrente: les avantages fiscaux offerts par la ville et l'Etat de New York à Amazon pour cette implantation, quelque 3 milliards de dollars au total, dans le cadre d'un accord négocié sans concertation publique par le gouverneur et le maire de l'Etat de New York.
La jeune star démocrate du Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, qui avait critiqué l'absence de concertation, s'est réjouie vendredi qu'Amazon réexamine ses plans.
"Quand il n'y a pas de consultation avec les habitants, il faut absolument réexaminer les accords et le processus", a-t-elle indiqué sur CNN.
Mais le gouverneur Andrew Cuomo, principal artisan de l'accord, a réfuté ces critiques.
"Nous avons besoin d'Amazon", "nous devons faire (de ce projet) une réalité", a-t-il affirmé lors d'un point presse, soulignant que les informations du Washington Post confirmaient que les critiques des élus locaux étaient "dangereuses".
Un sondage de l'université Quinnipiac réalisé début décembre montrait que 57% des résidents new-yorkais étaient favorables à l'implantation d'Amazon, et 26% contre.
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