**A la veille du sommet du G5 Sahel à Ouagadougou, une nouvelle attaque jihadiste meurtrière a frappé le Burkina Faso, entraînant une importante riposte de l'armée.**
Lundi à l'aube, 14 personnes ont été tuées dans le nord du Burkina à Kain, une localité située dans la province du Yatenta, frontalière du Mali. Il s'agit d'une des plus graves enregistrées dans le pays, qui subit une explosion de violence depuis plusieurs semaines.
"Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 février, une attaque terroriste à Kain a fait 14 victimes civiles", a annoncé le directeur de la communication de l'armée, le colonel Lamoussa Fofana, dans un communiqué.
En riposte, l'armée a mené dans la journée des raids terrestres et aériens dans trois provinces du nord, au cours desquels elle affirme avoir tué 146 jihadistes, un bilan extrêmement élevé que l'AFP n'a pas pu confirmer de source indépendante.
"En réaction à cette attaque, les forces de défense et de sécurité nationales ont immédiatement engagé des opérations dans les départements de Kain, de Banh (province du Loroum, nord) et de Bomboro (province de la Kossi, nord-ouest)", selon le communiqué de l'armée.
"Une opération terrestre et aérienne (...) a permis de neutraliser 146 terroristes dans les trois départements", selon le communiqué. Une source militaire a confirmé à l'AFP que ce terme de "neutraliser" voulait dire tuer.
L'armée affirme aussi n'avoir eu déplorer que des "blessés légers" mais "aucune perte en vie humaine", lors de ces opérations de riposte, ajoutant que "les opérations de sécurisation desdits départements se poursuivent".
Les civils comme les forces de l'ordre paient depuis 2015 un lourd tribut dans les attaques jihadistes. Cette dernière attaque porte à près de 300 morts le bilan depuis quatre ans.
Le 27 janvier, dix civils avaient péri dans une attaque contre le village de Sikiré, dans le nord du Burkina Faso. Le 10 janvier, douze civils avaient été tués un autre village du Nord, Gasseliki.
Le lendemain, quatre soldats tombaient lors d'une attaque jihadiste massive à Nassoumbou, toujours dans le Nord, la région la plus frappée.
**Impuissance**
Mais les attaques touchent aussi depuis l'an dernier l'Est et, dans une moindre mesure, l'Ouest du pays.
Quant à Ouagadougou, la capitale, elle a été frappée à trois reprises depuis 2016, avec un bilan total de près de 60 morts. La dernière attaque, en mars 2018, avait dévasté l'état-major général des armées, en plein centre-ville.
L'attaque de Kain intervient à la veille du sommet des chefs d'Etat du G5 Sahel qui doit se tenir mardi à Ouagadougou.
Les cinq pays sahéliens de ce groupe, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso, ont monté une force militaire conjointe pour tenter d'endiguer les attaques des groupes jihadistes dans toute la région.
Mais cette force peine à obtenir des résultats. Son commandant, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, a annoncé dimanche que la force conjointe avait mené trois opérations depuis le 15 janvier, sans donner plus de détails.
Les forces de l'ordre burkinabè semblent quant à elles impuissantes à enrayer les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées notamment au groupe Ansaroul Islam et au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM).
Depuis le 1er janvier, l'état d'urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour comme de nuit.
Le président Roch Marc Christian Kaboré a limogé en janvier le chef d'état-major des armées, puis remplacé les ministres de la Défense et de la Sécurité lors d'un remaniement.
Le Burkina doit accueillir fin février le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), un des plus grands festivals du septième art sur le continent, qui fête son cinquantenaire.
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