Le sort de l'accord de sortie de l'Union européenne conclu entre Londres et Bruxelles est entre les mains des députés britanniques qui entament ce mercredi son examen avant un vote historique le 15 janvier, à deux mois et demi du Brexit.
L'adoption du texte longuement et âprement négocié avec l'UE demeure très compromise, tant il est décrié à la fois par les Brexiters qui craignent une forme d'arrimage permanent à l'UE, et par les europhiles qui espèrent encore pouvoir faire machine arrière.
Pour les faire fléchir, la Première ministre conservatrice Theresa May continue à essayer d'obtenir de l'UE des "assurances" supplémentaires, qu'elle espère pouvoir leur soumettre avant le vote, a déclaré son porte-parole mardi, notamment sur le caractère "temporaire" du "filet de sécurité" (ou "backstop" en anglais).
Cette disposition, décriée avec virulence par les Brexiters, vise à empêcher le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord en créant un "territoire douanier unique" englobant l'UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l'Irlande du Nord.
Vers un report du Brexit?
Même si Bruxelles martèle que l'heure n'est plus aux négociations, le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a redonné un peu d'espoir à Mme May. Il a assuré qu'il y avait des "contacts étroits" pour savoir "si une série supplémentaire de garanties écrites, explications et assurances pourraient faire la différence".
"Nous ne voulons pas piéger le Royaume-Uni dans quoi que ce soit. Nous voulons passer aux discussions sur la future relation immédiatement", a-t-il dit à l'Irish Times.
Theresa May clora les débats le 15 janvier avant un vote décisif en soirée qui, initialement prévu en décembre, avait été reporté à la dernière minute pour éviter une défaite annoncée.
Sans accord au jour du Brexit, le 29 mars, le Royaume-Uni mettra fin brutalement à plus de quatre décennies d'appartenance à l'UE, un scénario redouté par les milieux économiques.
La dirigeante a mis en garde dimanche sur la BBC contre les conséquences imprévisibles que pourrait avoir un rejet de l'accord. Les seules alternatives, a-t-elle prévenu, sont un Brexit sans accord ou pas de Brexit du tout.
A la suite d'un article du Telegraph selon lequel les autorités britanniques "tâtaient le terrain" pour demander une éventuelle extension au-delà du 29 mars de l'article 50 du Traité de l'UE, qui régit le départ d'un Etat membre, son porte-parole a fermement démenti mardi.
"Nous sommes convaincus que Theresa May demandera un report après le rejet de l'accord au Parlement britannique, mais elle ne le dit pas, ni publiquement ni dans ses contacts avec les interlocuteurs européens", a cependant confié à l'AFP une source diplomatique à Bruxelles.
"Il est clair que tout le monde a en tête que cette possibilité existe", a indiqué une autre source diplomatique européenne, avertissant toutefois que c'était "une option très hypothétique".
Le chef de file de la droite au Parlement européen (PPE), l'Allemand Manfred Weber, s'est, lui, refusé à envisager un report du Brexit. "L'offre est claire. La date est fixée", a-t-il déclaré à l'AFP.
Députés menacés
L'opération de persuasion s'annonce particulièrement ardue pour Theresa May, dont l'autorité a été sérieusement entamée en décembre par un vote de défiance organisé au sein de son parti, auquel elle n'a survécu que péniblement.
La dirigeante a déjà lâché un peu de lest pour tenter d'amadouer les députés. Elle a affirmé que le Parlement pourrait jouir d'un rôle plus important dans les négociations à venir sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.
Elle a également évoqué des mesures, sans en préciser la nature, concernant l'Irlande du Nord, afin de convaincre, sans succès jusqu'à présent, le parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont le soutien lui est indispensable pour obtenir la majorité absolue au Parlement.
Le Brexit déchaîne à ce point les passions que plus de 50 députés britanniques ont écrit à la cheffe de Scotland Yard, inquiets pour leur sécurité après des incidents survenus aux abords du Parlement.
Ils pointent du doigt des individus "liés à l'extrême droite" se "livrant de plus en plus à des actes d'intimidation, potentiellement criminels, envers des députés, des journalistes, des militants".
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