Economie

Chefs d'Etat absents à Davos, remise en cause de la mondialisation ?

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Chefs d'Etat absents à Davos, remise en cause de la mondialisation ?


Donald Trump, Theresa May, Emmanuel Macron, Xi Jinping, Vladimir Poutine ne sont pas au Forum économique mondial de Davos. Trop occupés, ont-ils annoncé, par leur politique intérieure respective: le « shutdown » aux Etats-Unis, le Brexit au Royaume-Uni, les gilets jaunes en France,… 




Pour Bruno Colmant, économiste et Head of Macro Research de la banque Degroof Petercam, ces absences sont assez symptomatiques.


"Nous vivons, peut-être, aujourd’hui, la fin d’un modèle universaliste d’économie de marché avec des préoccupations domestiques qui prennent le dessus sur le commerce international. Donc, ce n’est certainement pas un hasard si les chefs d’Etat les plus importants ne sont pas à Davos. C’est peut-être la fin d’une parenthèse, ouverte il y a une cinquantaine d’années, qui conduirait à un renforcement des états par rapport à l’économie de marché."


Absence symbolique


Le Forum de Davos, historiquement, c’est la grand-messe de la mondialisation et du libre-échange économique. Pour Michel Hermans, professeur de Sciences politiques à l’ULg, c’est compliqué à assumer politiquement pour un chef d’Etat d’aller prôner ce discours là-bas quand son pays est secoué par des crises sociales.


"La mondialisation est, pour le moment, de plus en plus remise en question. Il y a un rejet, par le populisme, de l’immigration, mais un rejet également de la concurrence entre les états dans le domaine du commerce. Et il y a donc un rejet de ce genre de grande réunion des états puissants et surtout les patrons des grandes multinationales, parce que finalement, ce sont elles qui décident le plus de ce qu’il y a lieu de faire pour développer cette mondialisation."


Il y a donc une dimension symbolique à ne pas aller s’exposer médiatiquement à Davos. "Certes, ces chefs d’Etat ont autre chose à faire pour le moment dans leur pays mais, et particulièrement pour Macron, c’est de la communication. Il ne peut plus faire d’erreur sur ce plan-là à l’égard d’une population qui bouillonne à travers le mouvement des gilets jaunes".


Le travail circule moins bien que les capitaux


Ces deux discours économiques (mondialisation et relocalisation) se télescopent aujourd’hui. Les dirigeants politiques sont coincés entre deux chaises.


"Le multilatéralisme, est fondé sur la circulation des capitaux. Or, aujourd’hui, on voit dans de nombreux pays, aux Etats-Unis, en France, au Royaume-Uni, des forces sociales qui expriment un besoin de protection des populations contre des flux de capitaux. Et Davos est justement le symbole ultime de la circulation du capital, de ce modèle économique. Ces forces sociales s’opposent à leur mobilité, elles veulent retrouver un ancrage territorial, c’est le cas des gilets jaunes en France, du protectionnisme de Trump, c’est le sens aussi du Brexit. […] On va donc devoir repenser une harmonie entre les forces sociales et les flux de capitaux qui ne sont plus aujourd’hui synchronisés."


RTBF.BE



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