Après avoir soutenu que toucher à l’article 7bis de la Constitution pour permettre l’adoption d’une loi Climat, revenait à ouvrir la boîte de Pandore institutionnelle et menaçait la stabilité du pays, le MR se dit prêt à présent à modifier cet article. Les libéraux avaient d’ailleurs accepté lui-même en 2014 de l’ouvrir à révision. Comprenne qui pourra, mais ce revirement a le mérite de la clarté et ne change finalement pas grand-chose au fond.
**Isolé**
Côté francophone, le MR se retrouvait seul aux côtés du PP à ne pas vouloir toucher à la Constitution, tout en étant favorable à l’adoption de la loi Climat. Si politiquement, la position se défend ; médiatiquement, au regard de la mobilisation sociale, cela devenait plus difficile à tenir. Va donc pour la révision de la Constitution. Le revirement réformateur permet en outre de débloquer la situation en Commission de Révision de la Constitution où il y a désormais une majorité arithmétique pour voter les quelques lignes supplémentaires à cet article 7bis et rendre possible par la suite une loi spéciale Climat. Le MR avance même une solution en cas d’échec (probable). Il n’est désormais plus perçu comme un obstacle. Ça compte en période électorale ! Même si sur le fond rien n’est réglé…
**Le syndrome du "mauvais flamand"**
On le sait, pour modifier la Constitution une majorité des 2/3 à la Chambre et au Sénat, est indispensable et pour la loi spéciale Climat, il faut y ajouter la majorité de chaque groupe linguistique. Le compte n’y est pas. Cela coince en Flandre où seuls les socialistes et les écologistes ont embrayé.
Les partis de droite et de centre-droit ne veulent pas de cette loi Climat, en tout cas pas comme ça. La N-VA évoque une " république des juges " où la Justice pourrait sanctionner des élus qui seraient incapables d’atteindre les objectifs climatiques fixés. Les milieux patronaux, les usines pétrochimiques autour d’Anvers (une des villes les plus polluées) craignent pour leur croissance. Il y a bien plus en Flandre le sentiment que ce n’est pas à la rue d’imposer l’agenda politique et qu’il convient dès lors d’attendre le résultat des élections.
Enfin, et surtout (?), il y a la crainte de voir une loi fédérale, une loi BELGE venir encadrer des compétences du ressort des Régions (pollution, énergie, etc.), de la Flandre. Jamais dans l’histoire politique belge de défédéralisation, il n’y a eu de marche arrière. Le CD&V plaide déjà pour 7ème réforme de l’état. Parce que dans l’inconscient d’une certaine classe politique flamande, la Belgique reste le niveau de l’inefficacité, des contraintes imposées par les Francophones minoritaires. C’est pourtant de Flandre que l’actuel mouvement climatique est parti. Certains au Nord du pays risquent de ne s’en rendre compte que le soir du 26 mai.
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