L’Allemande Ursula von der Leyen, qui espère devenir la première femme présidente de la Commission européenne, a promis aux eurodéputés de faire du climat l’une des grandes priorités de son mandat si elle est élue. Devant l’hémicycle plein à craquer du Parlement européen à Strasbourg, Mme von der Leyen, qui doit affronter le vote en fin d’après-midi pour succéder au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a multiplié les engagements clés pour tenter de convaincre les indécis.
Cette proche de la chancelière Angela Merkel a besoin d’obtenir la majorité absolue de 374 voix pour être élue. Or, nombre d’eurodéputés ont été frustrés par la façon dont elle a été désignée : après un sommet de trois jours à Bruxelles, riche en rebondissements, les dirigeants de l’UE l’ont choisie le 2 juillet, faisant fi des candidats présentés par le Parlement européen.
Un "green deal" dans les 100 jours
Répondant à la forte mobilisation ces derniers mois des citoyens, et notamment des jeunes, pour l’environnement, elle a promis en ouverture de son discours un "green deal" pour l’UE dès les 100 premiers jours de son mandat, si elle est élue. Elle a confirmé son soutien à la neutralité carbone en 2050 qui sera inscrite dans la "première loi européenne sur le climat" et soutenu un objectif plus ambitieux de réduction des émissions CO2 de 50% en 2030, voire de 55%.
Elle a aussi affirmé être prête à un nouveau report de la date de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, actuellement fixée au 31 octobre. Cette déclaration a été accueillie par les huées des eurodéputés britanniques pro-Brexit.
Elle a aussi promis une commission paritaire, un droit d’asile européen, la reconnaissance du droit d’initiative du Parlement européen, une convention pour l’avenir de l’Europe, un système de réassurance chômage européen pour aider les pays en crise.
Même si l’actuelle ministre allemande de la Défense, âgée de 60 ans, a été très applaudie à la fin de son discours par l’ensemble des élus, son élection reste incertaine. Certes, le PPE, formation de droite à laquelle elle appartient et qui constitue la principale force de l’Assemblée de Strasbourg avec 182 élus, a promis qu’il voterait pour elle.
Les libéraux-centristes de Renew Europe (108 élus), formation à laquelle appartiennent les élus français partisans du président Emmanuel Macron, étaient plutôt positifs. "Notre groupe est prêt à vous soutenir dans la mesure où vous assumez votre indépendance et la force nécessaire pour assumer votre indépendance. Les engagements que vous prenez doivent être clairs", a déclaré le Roumain Dacian Ciolos, chef de Renew Europe.
Les Verts et les extrêmes voteront contre elle
En revanche, les socialistes (154 élus) ne se sont pour l’instant engagés à rien. Ironie de l’histoire, dans le camp des sociaux-démocrates, ce sont précisément les compatriotes de Mme von der Leyen, le SPD, partenaires de coalition du gouvernement Merkel, qui sont les plus virulents contre sa candidature. Et ce alors que l’Allemagne n’a pas présidé la Commission depuis 52 ans ; elle n’a occupé ce poste qu’une fois, au moment de sa création avec Walter Hallstein, entre 1958 et 1967.
Les Verts (74 élus) et l’extrême gauche (GUE/NGL, 41 élus) ont d’ores et déjà exclu de voter pour Mme von der Leyen. Les eurosceptiques sont, de leur côté, plus partagés. Les Conservateurs et réformistes (CRE, 62 élus, dont ceux du PiS polonais) restent flous sur leur vote. Leur attitude pourrait en tous les cas être déterminante. Ils pourraient faire pencher la balance en sa faveur mais ce soutien serait embarrassant pour la prochaine présidente de la Commission.
En revanche, le groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (73 membres, dont ceux de la Ligue italienne, du Rassemblement national RN français et de l’Afd allemand) ne votera pas en sa faveur. La candidate s’est déclarée "soulagée" de ne pas bénéficier de leurs voix.
Pas de seconde chance
Si elle échoue, elle n’aura pas de seconde chance. Le Conseil européen aurait alors un mois pour présenter un nouveau candidat, qui serait soumis au vote du Parlement en septembre. Cela risquerait d’enfoncer davantage l’Union européenne dans une crise institutionnelle, alors que la question du Brexit n’est toujours pas close. Le scrutin va se dérouler à bulletins secrets, ce qui autorise les députés à rompre avec les consignes de vote de leurs familles politiques.
Ursula von der Leyen a commencé son discours en français, en faisant référence à Simone Veil, première femme présidente du Parlement européen.
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