Dans les allées de la foire de Libramont, on croise de plus en plus d’agriculteurs bio. Logique, ils sont de plus en plus nombreux en Wallonie. Cependant, la transition de l’agriculture conventionnelle au bio n’est pas chose aisée pour autant, il faut passer par une période de conversion. Cela représente deux années à produire sans pouvoir vendre au prix du bio, une phase pendant laquelle les agriculteurs bénéficient du soutien de l’Union Européenne.
Pour Gérard Rixhon, le déclic du bio c’était il y a trois ans mais, il l’avoue volontiers, ses motivations étaient avant tout financière, "je n’étais plus bien rétribué dans le conventionnel. Dans le bio, il est vrai que la différence est non négligeable, donc j’ai pris ma décision très rapidement. Après évidemment, la philosophie du producteur bio est arrivée."
Avant son déclic, Gérard élevait 120 vaches laitières de manière conventionnelle et lorsque le prix du litre de lait s’est mis à chuter, il n’a pas été épargné. "Je suis passé de 18 centimes du litre à 46 centimes du litre en bio, trois ans plus tard. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû commencer plus tôt."
Simon Depas, 36 ans, fait lui pousser des céréales. Il vient à son tour de passer deux ans en conversion du conventionnel au bio. S’il s’agit d’une période de transition, il faut toutefois suivre les règles à la lettre pour arriver à une production 100% biologique. "Pour obtenir la certification, pendant deux ans, on ne peut mettre aucun produit", explique-t-il.
En conséquence, il a acheté moins de produits phytosanitaires et a économisé du carburant au passage. Des économies substantielles qu’il peut chiffrer, "Environ 350 euros par hectares de produits phytosanitaires en moins, et on passe six fois en moins avec le tracteur donc ça représente au total 450 euros par hectares".
Travailler pendant deux ans en bio... au prix du conventionnel !
Le problème, c’est que pendant les deux ans de conversion, les agriculteurs ne peuvent rien vendre au prix du bio. Le rendement du bio est aussi moins important que le conventionnelle, de 10 à 15%. Pour compenser ces manques à gagner, l’Union européenne aide ces agriculteurs en transition, à raison de 400 euros pour chaque hectare cultivé.
Même une fois la phase de transition terminée et la certification obtenue, les exploitations agricoles sont toujours sujettes à des contrôles inopinés. "On a une identification précise des parcelles et on va sur le terrain se rendre compte des antécédents et de l’état actuel des parcelles", explique Blaise Hommelen, en arrivant devant les quatre hectares de froment de Simon pour un contrôle surprise.
Il procède ensuite à un prélèvement des céréales récoltées. "Cet échantillon va partir au laboratoire pour être analysé au niveau de la présence éventuelle de pesticide. Il peut y avoir divers déclassements de parcelles parce qu’on a trouvé des produits. Parfois, ce sont des pollutions extérieures mais d’autres fois, c’est dû à des traitements nous autorisés", nous confie l'expert.
En Wallonie, le bio a la cote. 1742 fermiers sont certifiés bio, cela représente environ un fermier sur sept. Au niveau des terres agricoles, 11% de la surface cultivée en Wallonie est certifiée. Ce chiffre pourrait continuer à croître ces prochaines années. Toutefois, les investissements, la qualité des terres et les contraintes de certaines variétés demeurent des freins à la conversion vers le bio.
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