Député européen sans discontinuer depuis 1984, Gérard Deprez ne rempilera pas aux élections européennes le 26 mai prochain, pas plus qu’il ne se présentera aux législatives et régionales belges. Vague populiste, Brexit, Suédoise bis, à quelques jours de sa Der des Ders, Gérard Deprez a donné son opinion sur les ondes de La Première mardi matin.
A l’heure actuelle, on remarque, partout en Europe, une montée du populisme et des eurosceptiques. « Il y a un sérieux avertissement dans pratiquement tous les pays de l’UE. Il y a des gens qui expriment leur mécontentement par rapport à la manière dont l’Europe fonctionne. Elle est opaque et bureaucratique même si elle fait beaucoup de choses positives », explique-t-il. Mais il n’est pas inquiet. « Quant à dire qu’il y aura un déferlement populiste, je n’y crois pas. D’après les sondages on prévoit entre 140 et 150 députés eurosceptiques. »
« Des pays mal à l’aise avec eux-mêmes »
Mais il insiste, il faut prendre, malgré tout, cet avertissement au sérieux. « Si on ne change rien au niveau européen cette vague qui commence peut prendre de l’élan et être plus importante. »
Selon lui, le problème est que ces différents pays sont mal à l’aise avec eux-mêmes. « La Hongrie cherche son identité, l’Italie ne va pas bien et se donne un dirigeant populiste qui va la conduire à l’impasse. Dans chacun des pays il se passe quelque chose de préoccupant. »
A la veille d’un Sommet extraordinaire sur le Brexit, le Royaume-Uni est toujours dans l’impasse. Mais faut-il leur laisser un nouveau délai ? « Je pense qu’on peut leur laisser un nouveau délai, mais qu’il y a une date limite à ne pas dépasser : c’est le 30 juin. Car le 2 juillet on installe le nouveau Parlement européen, on entre dans une nouvelle période, une nouvelle Commission européenne va être installée, on va devoir se prononcer sur les moyens financiers de l’UE pour 7 ans. Donc, la clarté doit être intervenue pour le 30 juin au plus tard. »
On apprenait en outre lundi que le Royaume-Uni a fixé des élections européennes le 23 mai, tout en assurant espérer ne pas avoir à les organiser. « Ce sont les Britanniques qui vont se retrouver dans une situation ridicule. Si jamais il y a des élections et qu’ils doivent quitter l’UE le 30 juin, ils auront fait des élections pour du beurre. »
Une situation surréaliste, « une tragédie grecque ». « Ce sont les Britanniques qui l’ont choisi. Ils disent: "Nous voulons un accord avec les pays européens pour une sortie, mais nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord entre nous sur le type d’accord que nous voulons". »
Une Suédoise bis?
Gérard Deprez ne rempilera donc pas aux prochaines élections fédérales et régionales, pour lesquelles les partis dessinent petit à petit leurs stratégies et expriment leurs désirs de coalition. Coté MR, on a le sentiment que le parti est prêt à repartir pour une Suédoise bis. « Le MR fait campagne, exprime ses idées. La chose qui me frappe toujours, c’est que coté francophone, on indique le type de coalition que l’on veut. Mais il y a aussi les Flamands qui votent. Les Flamands sont plus nombreux et plus riches. Donc avant de savoir quel type de coalition on pourra faire, je voudrais voir quel sera le vote des Flamands. »
Il poursuit : « On a accusé le MR d’entrer dans ce gouvernement avec la N-VA, mais si elle était indispensable dans ce gouvernement, ce n’est pas parce que le MR l’a choisie, c’est parce que le CD&V a dit: "Nous n’irons pas dans un gouvernement sans la N-VA, premier parti flamand et de Belgique. Donc si la N-VA est demain le premier parti flamand et de Belgique, il faudra voir s’il est possible de faire sans. Et si ce n’est pas possible, il faudra faire avec".»
Gérard Deprez ne dit donc pas qu’ils ne repartent pas avec la N-VA, mais « qu’on ne pourra peut-être pas faire sans ». Ce qu’il affirme par contre, c’est son souhait que « M. Francken ne soit pas dans l’équipe gouvernementale. » Le député avait lancé un coup de gueule contre Theo Francken sur l’affaire des ressortissants soudanais rapatriés.
Récemment, Alain Destexhe a quitté le parti et a créé sa propre liste. « Il y a quelques petits événements regrettables. Mais dire que c’est à cause de l’alliance avec la N-VA, je ne pense pas. M. Destexhe est parti car il est en désaccord avec la politique d’immigration et d’asile menée par le gouvernement, indépendamment des déclarations de M. Francken que je condamne. »
« Quand vous lisez le programme du MR et écoutez ce que dit le premier, il dit quoi ? Créer de l’emploi. C’est un message fondamental. Sur la politique d’asile et d’immigration, il dit fermeté et humanisme. Sur le plan financier, il dit rigueur mais en tenant compte du fait que nous avons besoin de financer des investissements. »
Une ligne parfois remise en cause en interne. Hervé Hasquin notamment. « J’ai entendu M. Hasquin faire des règlements de compte personnels, ce que j’ai regretté. »
RTBF
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