Aujourd’hui, le PTB a donc décidé de rester au balcon aux gouvernements wallon et bruxellois. Le vote des électeurs qui ont voté pour le PTB a-t-il été utile alors ? Pour le chef de groupe PTB au Parlement wallon, Germain Mugemangango, "ce vote a été utile pour avoir le débat qu’on a maintenant. On espère que la prochaine fois, les autres partis seront dans une remise en question plus importante, et nous, on sera plus forts. Nous, on va pouvoir continuer à se battre pour des transports en commun gratuits, pour protéger les services publics, et on va le faire depuis les bancs de l’opposition". Il a ajouté que le PTB veut mener un débat de fond.
"Ce que nous voulons est débattre de ce qui va changer pour les Wallonnes et les Wallons. Prenons, par exemple, la question du logement social et de l’isolation des logements, à Bruxelles. Dans la note 'Coquelicot' du PS et d’Ecolo, il n’y a aucun chiffre concernant le logement à Bruxelles. Il n’y a aucune ambition. Ils font toute une série de promesses, qui ne seront pas réalisées car il n’y a aucun financement. Et donc, ce que le PTB dit est que si on ne sort pas de la prison budgétaire européenne, tous les investissements dans les domaines social et écologique présentés dans cette note, ne seront pas réalisés." Le chef de groupe PTB au Parlement wallon concède néanmoins que cette note présente des propositions intéressantes. "Ils parlent de subsidier les pistes cyclables à concurrence de 20 euros par Wallons par an. C’est une bonne idée. On parle aussi du respect de l’objectif de 55% de diminution des émissions de gaz à effet de serre. Nous allons soutenir cela."
En effet, outre le manque de volonté de rupture de la part du PS et d’Ecolo, le Parti des Travailleurs Belges épingle également la politique économique wallonne. Pour ce parti, elle s’assimile à "prendre des capitaux publics et les mettre dans les mains du privé en espérant créer des emplois. On a un gouvernement qui dit vouloir la rupture, mais ils vont chercher des conseils auprès du monde patronal wallon. On nous demande de soutenir une note qui est la traduction des orientations patronales pour la politique économique wallonne et qui est la traduction des orientations libérales," affirme-t-il.
Voilà pour ce qu’épingle le PTB, dans la note Coquelicot. Mais, qu’en est-il de la gratuité des transports en commun, qui a été un des thèmes de campagne du PTB et qui est un des points écrits dans cette note ? Sur ce sujet, le PTB salue la mesure, mais il souligne que "dans la première note qui a été produite, c’est-à-dire avant consultation de la société civile, il est indiqué qu’on voulait organiser le transport gratuit pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans. Cela ne va pas forcément dans le bon sens, car on parle du public qui utilise le moins la voiture. Dans la seconde note, on parle de mettre en place cette mesure progressivement. Quand on parle de progressivement, on remet cela aux calendes grecques. Et donc, ce qui pose problème dans cette note, est qu’il y a toute une série de promesses qui sont faites. Mais quand on est dans le concret de ce qui va se réaliser dans les 5 prochaines années, il n’y a plus grand-chose".
Les promesses oui, mais qu’en est-il du financement?
Car, le hic est le financement de ces mesures. Les grandes promesses n’étaient pas non plus forcément chiffrées dans le programme du PTB. Alors, comment financer ces belles promesses ? C’est cela aussi la réalité d’une négociation gouvernementale. On ne peut pas tout promettre, car les finances wallonnes ne sont pas forcément au beau fixe. Ce à quoi répond l’élu PTB, que "le PTB voulait créer une banque d’investissement pour le climat et rencontrer les défis sociaux. Ensuite, le PTB a déclaré qu’il ne voulait pas aller au gouvernement avec un parti qui ne veut pas désobéir à la réglementation européenne". Autre mesure phare du programme du PTB : une taxe sur les grandes fortunes belges, une taxe sur les plus-values.
Qu’en est-il maintenant ? "Au Fédéral, on prône une taxe des millionnaires, et une taxe des multinationales équivalentes à celles des PME. Mais, on nous a exclu des négociations au Fédéral alors que c’est là qu’on va chercher de nouveaux moyens. Nous ne nous sommes pas exclus nous-mêmes de ces négociations. Nous avons constaté, chez Elio Di Rupo et Paul Magnette, qu’il n’y avait pas de volonté de changer la politique comme elle est faite ces 30 dernières années sur les enjeux fondamentaux comme l’économie et l’écologie. Ce qu’on a mis sur la table, c’est de désobéir à la réglementation européenne en matière budgétaire. Mais, on est face à des partis qui ne sont pas mûrs pour ça."
Enfin, quelle sera l’attitude du PTB face à une majorité gouvernementale bruxelloise, PS-Ecolo et DéFI, et donc de tendance plus à gauche ? "On ne dit pas qu’un gouvernement est de gauche car il a une étiquette de gauche. Le problème principal à Bruxelles est la pauvreté. 1 enfant sur 3 vit dans la pauvreté, et essentiellement dans une famille monoparentale, et liée à une problématique du logement. Les gens accordent 50% de leurs revenus aux loyers. Et ce qu’on voit dans la note du gouvernement bruxellois, est qu’on ne propose pas la construction massive de logements publics. On ne propose pas de grille de contraintes des loyers. Or, si on n’a pas cette grille, les loyers ne vont pas cesser d’augmenter à Bruxelles. Oui, on a une grille indicative mais c’est une grille où vous savez si vous vous faites rouler. Donc, cela ne change rien. Ce qu’on veut est un chèque loyer, c’est ce que propose le prochain gouvernement bruxellois. Mais, sans grille de contraintes des loyers, cela ne fera que contribuer à augmenter les loyers. Et le second problème pour ce gouvernement est le financement. Si le gouvernement ne pose pas le choix de sortir de cette grille austérité, il ne pourra pas rencontrer les défis qui sont les plus importants à Bruxelles."
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