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Gilets jaunes: l'efficacité des forces de l'ordre françaises remise en question

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Gilets jaunes: l'efficacité des forces de l'ordre françaises remise en question

Le saccage des commerces sur les Champs-Elysées survenu samedi à l’occasion de l’acte 18 des « gilets jaunes » a marqué un retour aux épisodes les plus violents de la contestation et pose à nouveau des questions sur la stratégie de maintien de l’ordre dans la capitale.


**Les forces de l’ordre étaient-elles prêtes ?**


Trois manifestations importantes étaient prévues samedi dans la capitale : la Marche du siècle pour le climat, un cortège contre les violences policières et la mobilisation non déclarée des « gilets jaunes » qui a fait irruption dans le secteur de la place de l’Etoile et des Champs-Elysées.


La préfecture avait mobilisé quelque 5000 forces de l’ordre dont une quarantaine d’unités CRS et gendarmes mobiles. 51 détachements d’action rapide, les fameux « DAR » constitués depuis le fiasco du 1er décembre, étaient à pied d’œuvre pour interpeller les fauteurs de troubles.


Vaste périmètre de sécurisation autour des institutions, contrôles préventifs dans les gares et aux abords des lieux de rassemblement : les autorités avaient déployé la panoplie désormais classique de l’ordre public, les samedis dans la capitale.


Elles avaient anticipé un regain de mobilisation avec la présence d’éléments présentés comme radicaux chez les gilets jaunes. Selon Christophe Castaner, quelque 1500 « ultra-violents » étaient venus pour « casser ». Sur les Champs, cela a duré toute la journée.


Dimanche soir, le gouvernement a admis des « dysfonctionnements » dans le dispositif. « L’analyse des événements d’hier met en évidence qu’il s’est révélé insuffisant dans son exécution pour contenir ces violences et éviter les agissements des casseurs. Il faut tirer toutes les conséquences de ces dysfonctionnements », a déclaré Matignon à l’issue d’une réunion avec les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner et de la Justice Nicole Belloubet ainsi que le secrétaire d’Etat Laurent Nunez.


**Que s’est-il passé ?**


Rapidement en milieu de matinée, des éléments radicaux type black bloc sont venus très violemment au contact des forces de l’ordre qui avaient pour mission de sanctuariser le haut des Champs-Elysées et en particulier la place de l’Etoile.


Repoussés vers le bas des Champs, lui aussi sanctuarisé, la manœuvre a consisté à « figer » la manifestation sur l’avenue dont les accès perpendiculaires étaient également bloqués, observe un spécialiste du maintien de l’ordre. Elle a permis d’éviter que des cortèges de manifestants ne se disséminent dans Paris avec leur lot de désordres et dégradations.


Inconvénient : cette stratégie d'« encagement », une vieille recette de l’ordre public à Paris, a laissé les « casseurs » aux prises avec les commerces des Champs-Elysées. Et les nuages de gaz lacrymogène qui ont été tirés durant toute la journée n’ont rien fait pour les en dissuader.


**Quelles solutions ?**


Pour Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance, la solution passe par une réponse plus musclée : « Il faut assumer d’aller au contact et peut-être d’avoir des blessés. En face de nous, ce ne sont pas des enfants de chœur ».


Selon le syndicaliste, le contexte actuel avec des critiques croissantes sur l’action des forces de l’ordre, a joué sur les esprits et les décisions. « On a doté les collègues habilités à tirer aux lanceurs de balles de défense de cartouches à portée réduite de 6 à 7 mètres contre 40 précédemment », assure Frédéric Lagache qui plaide également pour un durcissement des pratiques pénales contre les casseurs. Selon des sources syndicales, qui avancent le chiffre de 32, très peu de tirs de LDB ont été effectués samedi à Paris.


La loi « anticasseurs » controversée mais poussée par l’exécutif a été adoptée par le Parlement mais doit encore passer sous les fourches caudines du Conseil constitutionnel. Peut-elle constituer un rempart contre les débordements ?


« Beaucoup de choses ont été faites depuis novembre, mais […] sur ces sujets-là nous n’y sommes pas », a convenu Emmanuel Macron, samedi soir à Beauvau. « Je veux qu’on prenne dans les meilleurs délais des décisions fortes pour que cela n’advienne plus ».


Le Premier ministre « fera ses propositions d’adaptation au président de la République demain à 11h30 pour renforcer la doctrine et s’assurer à tout moment de la fermeté de son exécution. Les annonces seront faites dans les heures suivantes », a annoncé dimanche Matignon.

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