"Allez chercher votre troisième dose": c'est le conseil donné sur Matin Première par Benoit Muylkens, virologue à l'Université de Namur à toute la population belge, en attendant d'en savoir un peu plus sur la réelle dangerosité d'Omicron: "Vous devez courir, nous devons courir pour contrer la progression de la maladie et éviter qu'un engorgement du système de santé ne se produise si on laisse le virus gagner la course. Nous avons ce premier pas à faire. L'autre pas, c'est d'être soi-même raisonnable pendant les fêtes de fin d'année, recourir à des mesures personnelles de confinement, éviter les grands rassemblements et éviter de faire plusieurs rassemblements consécutifs jour après jour. Laissez-vous le temps entre deux rassemblements au moment des fêtes de fin d'année. Testez-vous, évitez les grands rassemblements, et surtout allez faire votre troisième dose. C'est disponible aujourd'hui et maintenant".
Si le virologue est aussi catégorique, c'est que si on ignore encore la dangerosité exacte du variant, on connaît la rapidité de sa propagation, mais aussi l'efficacité du booster: "Trois doses confèrent une protection de 55 à 80% contre les infections symptomatiques". Et une protection sans doute encore plus importante contre les cas graves.
C'est d'ailleurs selon Benoit Muylkens ce qui différencie notre situation de celle des Pays-Bas, qui ont décrété un confinement, outre leur occupation actuelle déjà plus importante des soins intensifs: "Elle diffère sur deux points : le nombre de troisièmes doses administrées, de boosters, on est à 28% en Belgique, plus de trois fois plus qu'en Hollande, et on a une capacité de réserve plus élevée. On est à 40% d'occupation des soins intensifs, donc notre marge est encore de 60%, alors qu'elle n'était plus que de 35% en Hollande".
"Tous les deux jours, l'infection double"
Ca n'empêche pas l'inquiétude vu les progressions fulgurantes enregistrées dans d'autres pays: "Il y a un rapport très solide qui est sorti vendredi au Royaume-Uni sur différents aspects de ce virus dans une population européenne, au Royaume-Uni, qui montre que la progression qu'on avait observée en Afrique du Sud se reproduit dans les pays européens avec des temps de doublement très court.
Tous les deux jours, l'infection double. Il y a donc une progression galopante et un virus qui touche énormément de couches de la population. Un niveau de protection acquis par les infections précédentes ou un schéma classique de vaccination deux doses qui est mauvais, il faut le dire, donc le risque d'être réinfecté est très élevé si on a eu une infection précédente et est très élevé si on a eu un schéma vaccinal deux doses.
La protection chute entre 0 et 20% pour l'infection symptomatique, donc énormément de gens infectés vont tomber malades même s'ils ont été infectés ou vaccinés. Le risque de réinfection par le variant Omicron est très élevé, quasiment six fois plus élevé que le variant Delta. Ce virus passe les barrières préalablement acquises".
"Attendre 15 jours"
Et à côté de ces certitudes, "l'élément inconnu qui ressort de ce rapport, c'est qu'on ne peut pas, à ce stade, affirmer qu'il sera moins grave et qu'il entraînera moins d'hospitalisations".
Pour estimer cette dangerosité, Benoit Muylkens pense "qu'il faut attendre 15 jours pour voir quelle va être sa pression sur le système de soins. Vu ces 15 jours de délai et une progression galopante du virus, il va être très présent, et si dans ces grands nombres de personnes infectées, il commence à entraîner des vagues d'hospitalisation, notamment dans les populations plus âgées, ça reposera un très sérieux problème à nos structures de soins, et particulièrement aux soins intensifs".
Source: rtbf
Leave a comment