La nouvelle a été confirmée par sa fille Anne-Marie Poirier. La Presse écrit que le comédien souffrait d'Alzheimer depuis quelques années et son état s'était aggravé au cours des dernières semaines.
En plus de 60 ans de carrière, Gérard Poirier a incarné des centaines de personnages au théâtre, à la télévision et au cinéma. Parmi la multitude de rôles, plusieurs se souviendront du touchant Tancrède dans Le parc des Braves et du notaire Cyprien Fournier dans Le temps d'une paix, récit signé Pierre Gauvreau sur le Québec rural entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.
La comédienne Marie Tifo a travaillé à ses côtés dans la série Le parc des Braves. «Gérard, c'était la noblesse. (...) Jouer avec lui, c'était toujours un moment précieux. Je le garde dans mon cœur pour toujours», a commenté Mme Tifo, à La Presse Canadienne.
Elle se souvient d'un homme «intelligent», «très drôle» avec «un pince sans rire incroyable». M. Poirier a eu une «empreinte très grande sur toute une génération d'acteurs», a mentionné Mme Tifo pour qui il était une source d'inspiration.
M. Poirier est né à Montréal, en 1930. Titulaire d'un baccalauréat en pédagogie de l'École normale, il a délaissé très vite l'enseignement, en 1955. À cette époque, il monte une troupe de théâtre amateur, la Compagnie des Sept, dans laquelle figurera l'actrice Lucille Papineau.
C'est cette dernière qui va lui permettre d'entrer à Radio-Canada, dont il a séduit les décideurs dès sa toute première audition. Impressionnés par sa diction et son talent, les dirigeants l'ont dès lors chaudement recommandé à tous les réalisateurs.
En plus de multiplier les rôles dans des feuilletons radiophoniques et télé-théâtres, il a participé étroitement à la croissance du Théâtre du Rideau vert. Il a aussi fait sa marque au Théâtre du Nouveau Monde et au sein de la compagnie de Jean Duceppe. Il a fait des mises en scène et signé quelques pièces de son cru.
«Gérard Poirier était un homme de toutes les époques. Discret depuis quelques années, son souvenir n'en demeura pas moins indélébile», a commenté le dramaturge Michel Marc Bouchard sur sa page Facebook qui avait travaillé avec le disparu pour deux pièces au TNM, Le voyage du couronnement» et Les manuscrits du déluge.
Issu du théâtre classique, il a joué aux côtés des Jean Duceppe, Françoise Faucher, Jacques Godin et Janine Sutto, étant salué pour sa prestance et son naturel.
Grand amoureux de la scène et de la langue française, Gérard Poirier a admis avoir connu des difficultés professionnelles avec l'avènement du joual à la télévision dans les années 1970.
«Curieux phénomène, on m'a alors étiqueté comme acteur français et j'ai été momentanément écarté de la vie théâtrale. Pendant six ou sept ans, je n'ai rien fait du tout à la télé. Je continuais à jouer au théâtre, mais cela ne suffit pas pour gagner sa vie», a-t-il confié au journal Le Devoir, en 2002.
M. Poirier a alors enseigné durant quelques années l'art dramatique aux élèves du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec, et c'est grâce à ces jeunes, a-t-il dit, qu'il a réussi à comprendre ce qui se passait au Québec.
Carrière longue et bien remplie
Gérard Poirier est de ces acteurs qui ont eu la chance de connaître une carrière longue et bien remplie. Déjà, en 1995, alors qu'il exerçait le métier depuis quatre décennies, il était conscient de sa bonne fortune.
«J'ai découvert l'immense volupté de dire non et de n'accepter que ce qui me procure vraiment du plaisir, désormais libéré de toute angoisse et animé seulement du plaisir de faire ce métier. C'est là un grand luxe», avait-il alors reconnu en entrevue au Soleil.
Il s'est aussi illustré au cinéma, notamment dans la peau du curé Folbèche dans Les Plouffe de Gilles Carle (1981). Il a cependant souvent fait remarquer qu'il n'avait pas été gâté de ce côté et qu'il aurait aimé jouer davantage au grand écran.
En 2013, M. Poirier a tout de même goûté à la course aux Oscar, grâce au court métrage Henry, de Yan England, dans lequel il tenait le rôle-titre d'un homme atteint de l'Alzheimer.
Plus récemment encore, il a tenu le rôle de Clermont Geoffrion dans la série Mémoires vives et celui de Mathias Fréchette dans le téléroman L'auberge du chien noir, tous deux diffusés à Radio-Canada.
Il aura par ailleurs remporté deux prix Gémeaux au cours de sa carrière, soit en 1988 pour son rôle dans Le parc des braves et en 2002 pour sa participation à Mon meilleur ennemi.
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