Les prix de l’énergie sont en pleine augmentation. Le régulateur wallon du secteur, la CWAPE, publie son Analyse des prix de l’électricité et du gaz. Conclusion : la facture moyenne annuelle d’électricité a augmenté de 122€ (+14,05%) et celle de gaz de 193€ (+13,3%) en 2018 pour un ménage moyen. « C’est une hausse substantielle confirme Antoine Thoreau Directeur socio-économique et tarifaire de la CWAPE. Ce n’est pas tous les ans qu’on observe une augmentation pareille ».
**Les consommateurs payent la fermeture des réacteurs nucléaires**
Première explication à cette augmentation : la hausse du prix des matières premières. La tendance est là depuis deux ans, l’électricité et le gaz coûtent plus cher sur les marchés de gros, même si ça se stabilise ces dernières semaines. Les fournisseurs se fournissent plus cher et le répercutent sur les contrats du consommateur.
Un élément plus particulier à la Belgique s’ajoute à cette tendance mondiale à la hausse : la fermeture de plusieurs réacteurs nucléaires. L’automne dernier, pendant un mois, un seul des sept réacteurs belges était disponible. La crainte d’une pénurie et notre dépendance vis-à-vis de nos voisins pour importer notre électricité a fait grimper les prix. « Si les centrales nucléaires ne sont pas disponibles, il faut redémarrer des centrales électriques qui coûtent plus cher explique Antoine Thoreau. Ça pousse les prix à la hausse sur les marchés de gros ».
Troisième élément d’explication à cette hausse des prix : le droit de polluer coûte plus cher. L’Europe a récemment réduit les quotas de CO2 disponibles sur le marché. Pour émettre une tonne de CO2, les producteurs doivent payer quatre fois plus cher (autour de 20 euros la tonne aujourd’hui) qu’il y a un an. C’est hausse aussi est répercutée sur les contrats proposés aujourd’hui aux consommateurs.
**Échec de la libéralisation du marché de l’énergie ?**
En 2007, l’objectif de la libéralisation du marché de l’énergie en Europe était de faire jouer la concurrence pour faire diminuer la facture du consommateur. Aujourd’hui, on n’y est pas. « Ce n’est pas un échec pour autant relativise Antoine Thoreau de la CWAPE. Certes, un client passif paye plus cher son électricité aujourd’hui qu’en 2007 même compte tenu de l’indexation. Mais un client qui compare activement les offres des fournisseurs, change de contrat régulièrement, aura une facture qui suit l’évolution de l’inflation, il ne payera pas plus cher qu’il y a 11 ans. En ce qui concerne le gaz, là, on voit bien qu’un client qui choisit activement son fournisseur, lui, va faire des économies substantielles par rapport à 2007. Sur ce point-là, la libéralisation reste un succès ».
La libéralisation en Europe ne concerne que la production et la fourniture de gaz (qui représentent 40% de la facture d’électricité et 61% de la facture de gaz). La concurrence n’a d’effet que sur cette partie du prix total. Le reste est composé de taxes d’une part et du transport et de la distribution d’autre part dont les prix restent réglementés.
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