La Première ministre britannique Theresa May est arrivée jeudi à Bruxelles, où elle compte demander à l'Union européenne de l'aider à modifier l'accord de Brexit, de manière à obtenir le soutien nécessaire à la Chambre des communes et à permettre un retrait ordonné du Royaume-Uni du bloc communautaire.
Le Président du Parlement européen, Donald Tusk, a réaffirmé mercredi que l'UE ne renégocierait pas l'accord de Brexit, tout en disant espérer que May viendrait avec des "suggestions réalistes" pour sortir de l’impasse sur la frontière irlandaise.
Le problème, c’est que si Theresa May ne parvient à obtenir des concessions ce jeudi, plusieurs scénarios sont envisageables : un Brexit sans accord, qui inquiètent les entreprises, un nouveau référendum, des élections anticipées ou pas de Brexit du tout.
**Le "backstop" ou l’impossible nœud irlandais**
Il y a 500 kilomètres qui séparent la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Aujourd’hui, la frontière est invisible, il n’y a pas de contrôles. En clair, pour l’instant, les deux pays faisant partie de l’union douanière européenne, les biens et les personnes peuvent passer la frontière sans aucun problème. Mais s’il n’y a pas d’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, le retour d’une frontière matérialisée est inévitable, tout comme le rétablissement des droits de douane et des contrôles aux frontières.
Theresa May assure qu'un accord commercial et douanier spécifique avec l'UE, à négocier pendant une période de transition qui pourra durer de 20 à 44 mois, devrait permettre d'éviter le rétablissement de contrôles poussés à la frontière irlandaise.
L'absence d'alternative claire au "backstop" menace de plus en plus de précipiter le Royaume-Uni vers une sortie sans accord, le "no deal", le 29 mars 2019.
**Les accords de paix du Vendredi saint**
L’impasse irlandaise est la même depuis deux ans et demi. Les brexiters veulent sortir de l’union douanière européenne. Théoriquement, la douane devrait donc se situer entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Mais installer une telle frontière, avec des contrôles, risquerait de mettre en danger la paix, en place depuis l’accord du Vendredi saint. En 1998, cet accord mettait fin à trente ans de conflit armé entre les unionistes, fidèles à la couronne britannique, et les républicains, favorables au rattachement à la République d'Irlande.
Pour certains spécialistes, il faudrait donc recréer des postes frontières avec des douanes et des douaniers. Le risque, ce serait donc de voir émerger la contrebande, la création d’enrichissement de milices paramilitaires et donc une possible reprise des violences.
En visite à Belfast, il y a deux jours, la première ministre britannique a suggéré de ne plus supprimer le "backstop", qui éviterait donc le retour d’une frontière "dure", mais simplement de l’amender. "Je ne propose pas de faire accepter un accord qui ne contienne pas ce filet de sécurité. Ce que le Parlement britannique a dit est qu’il pense qu’il faut faire des changements." Le problème, c’est que la première ministre s’est cependant bien gardée de préciser les ajustements qu’elle envisage de proposer à l’Union européenne. La course contre la montre est donc engagée pour Theresa May, avec d’un côté les brexiters et de l’autre, l’Irlande et l’Union Européenne.
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