Le PDG de Boeing a reçu lundi un vote de confiance des actionnaires du constructeur aéronautique, en pleine crise du 737 MAX dont la version modifiée doit subir d’ici la semaine prochaine un test déterminant pour son retour dans le ciel.
Dennis Muilenburg, sous la pression des médias et des régulateurs après les tragédies rapprochées d’Ethiopian Airlines et de Lion Air (346 morts au total), a réussi à passer sans grand dommage le grand oral devant ses actionnaires réunis à Chicago dans le cadre de leur assemblée générale annuelle.
Costume sombre, chemise blanche et cravate bleue, il a gardé son calme face à une avalanche de questions portant sur la conception et sur la certification du système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans les deux accidents.
Ceux-ci ont conduit à l’immobilisation au sol à travers le monde de toute la flotte des 737 MAX, forçant Boeing à en suspendre les livraisons et à en réduire la production d’environ 20%.
L’agence fédérale de l’aviation (FAA) doit effectuer un essai en vol « cette semaine ou la semaine prochaine » pour tester la mise à jour du MCAS sur laquelle travaille Boeing, a déclaré lundi un porte-parole de l’avionneur.
Le régulateur « va ensuite tenir une réunion sur son site de Fort Worth (Texas) le 23 mai avec les autorités de l’aviation civile de plusieurs pays », a-t-il ajouté, assurant que la certification devrait intervenir « juste après » mais qu’il ne pouvait fournir de calendrier.
Pas de démission
« Nous n’avons annoncé ni la date ni le moment précis » où sera effectué le test, a déclaré pour sa part à l’AFP un porte-parole de la FAA.
Selon une source proche du dossier, Boeing a déjà soumis une partie des documents. Cette documentation sera jugée complète une fois reçues les données du vol test du régulateur aérien américain, a-t-elle précisé à l’AFP.
A l’assemblée générale, les motions des actionnaires auxquelles s’opposait Boeing ont toutes été rejetées même si elles ont obtenu davantage de votes qu’il y a un an.
Seulement un tiers des actionnaires (34%) a voté en faveur d’une motion demandant la séparation des fonctions de président du conseil d’administration de celles de directeur général. M. Muilenburg porte actuellement les deux casquettes.
Environ un tiers (32%) s’est également dit favorable à ce que le constructeur aéronautique révèle ses actions de lobbying.
Fort de ces marques de confiance, M. Muilenburg --qui a fait respecter une minute de silence pour les victimes des deux accidents-- a écarté toute idée de démissionner.
« Mon intention est de continuer à diriger (cette entreprise) sur le front de la sécurité, de la qualité et de l’intégrité », a déclaré le dirigeant qui a passé une grande partie de ses 34 ans de carrière chez Boeing dans la division défense (BDS). Il avait été promu numéro deux en décembre 2013, soit deux ans et demi après le début du développement du 737 MAX, et grand patron le 1er juillet 2015.
« Pas correct »
Il a rejeté tout défaut de conception du MCAS ou de précipitation pour le faire certifier.
« Comme dans la plupart des accidents, il y a une chaîne d’événements qui se sont déroulés. Ce n’est pas correct de les attribuer à un seul événement », a affirmé M. Muilenburg.
« Nos procédures de conception et de certification ont fonctionné normalement », a-t-il assuré. « C’était rigoureux et minutieux ».
Boeing, qui estime à 1 milliard de dollars jusqu’à présent le coût de l’immobilisation des 737 MAX, espère que ce modèle va reprendre du service en juillet, selon une source proche du dossier. Une longue immobilisation pourrait coûter très cher car des compagnies aériennes ont déjà annulé des milliers de vols.
De nouvelles questions sont apparues dimanche après des informations selon lesquelles les 737 MAX de la compagnie américaine Southwest avaient failli être cloués au sol en 2018 après que des inspecteurs eurent découvert que Boeing avait désactivé, sans en informer ni la compagnie aérienne ni ses pilotes ni les régulateurs, le signal d’alerte censé avertir des dysfonctionnements du système MCAS.
Les inspecteurs de la flotte des 737 MAX de Southwest --la plus importante au monde-- avaient découvert en 2018, un an après l’entrée en service des appareils, que Boeing avait choisi de rendre optionnel et payant ce signal d’alerte lumineux, a dit à l’AFP une source proche du dossier.
M. Muilenburg a assuré que ce signal allait désormais devenir une fonctionnalité de base et gratuite pour tous les clients.
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