Des assemblées nationales et régionales d'Europe doivent encore ratifier ce CETA pour de bon. Elles sont 38 en tout. Ce mercredi, en France, les députés ont ratifié l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. Chez nous, on se souvient qu'en 2016, la Wallonie s'était opposée au traité. Actuellement, cet accord commercial, même s'il n'a pas encore été ratifié par toutes les assemblées nationales et régionales européennes, est appliqué de manière provisoire depuis septembre 2017.
Marie Arena est députée européenne à la Commission commerce internationale du groupe socialiste et démocrate au niveau européen. Il y a deux ans, vous elle évoquait le CETA en parlant d'un "chat dans un sac", aujourd'hui, "c'est pire", martèle-t-elle. "Il y a aujourd'hui la négociation sur le Mercosur, c'est-à-dire entre l'Europe et l'Amérique latine, le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, exactement sur le même modèle. On nous dit que parce qu'on a accepté le CETA, il va falloir accepter les autres."
L'élue européenne compare les procédures en cours à un "rouleau compresseur". "C'est une course à la mondialisation de la part de l'Europe, ajoute-t-elle, alors même que tous les indicateurs nous montrent et qu'il y a 3500 chercheurs économistes américains qui disent que la décarbonisation de l'économie passera par une révision du libre-échange et par une révision de la mondialisation." Marie Arena dénonce un double langage au niveau européen : "On veut faire du changement climatique notre fer de lance au niveau européen, c'est-à-dire que nous devons prendre les mesures, et donc imposer des mesures au niveau des économies européennes, et en même temps on importe un maximum de biens qui sont produits ailleurs dans des standards différents."
Le CETA, contraire aux ambitions environnementales?
Dans l'air du temps, la question de l'écologie est venue se greffer aux débats sur le CETA. La députée européenne précise qu'il n'y a pas que l'aspect environnemental qui pose question. Elle évoque une "prise d'otage démocratique". Selon elle, "ce que nous voulons faire d'un point de vue démocratique dans nos assemblées nous sera interdit parce qu'on aura signé ces accords". La socialiste évoque le cas du glyphosate : "par exemple, la première réunion qui a eu lieu après la mise en œuvre du CETA provisoire a été une réunion qui parlait de la question du glyphosate. Aujourd'hui, des entreprises multinationales disent : 'Finalement, est-ce que le glyphosate et les mesures que vous êtes prêts à prendre en Europe sont appropriés par rapport aux mesures commerciales ?'"
"C'est un processus qui retire de la démocratie, donne du pouvoir aux multinationales et ne rentre pas dans la logique qui est la logique de réduction du CO²", pointe encore Marie Arena. Selon elle, ces trois défis devraient être pris en compte dans les accords commerciaux. Toutefois, elle tempère : "Je ne suis pas contre les accords commerciaux, que du contraire. Il faut se servir des accords commerciaux pour faire du commerce un commerce qui est plus respectueux et plus utilisé pour les enjeux que nous devons rencontrer aujourd'hui."
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