Quatorze des vingt-huit États membres de l'UE - Espagne, France, Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Lituanie, Lettonie, Estonie, Portugal, Autriche, République tchèque, Suède, Finlande et Luxembourg - ont reconnu individuellement Juan Guaido comme président en charge pour organiser une nouvelle élection présidentielle.
La Belgique a pour sa part annoncé par la voix du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders son "soutien à Juan Guaido dans sa mission d'organiser de nouvelles élections libres et transparentes".
Plusieurs pays européens avaient donné huit jours, jusqu'à dimanche, à Nicolas Maduro pour accepter de convoquer une nouvelle élection présidentielle. Ce qu'il a rejeté.
Pour autant, l'Union européenne n'est pas en mesure de publier une déclaration commune sur la situation au Venezuela en raison de l'opposition de l’Italie et de la Grèce.
Rome a refusé d'entériner un texte proposé, le considérant comme "une ingérence" de la part de l'UE dans les affaires intérieures du Venezuela, rejoignant ainsi l'avis de Moscou.
Juan Guaido, président du parlement vénézuélien, s’était autoproclamé président du Venezuela par intérim, le 23 janvier dernier. Dans la foulée, les États-Unis, le Canada et de nombreux pays d’Amérique latine l’avaient aussi reconnu en tant que tel.
Le 31 janvier dernier, le Parlement européen avait reconnu Juan Guaido comme "président par intérim légitime" de son pays. Dans une résolution non contraignante, approuvée à une large majorité (439 pour, 104 contre, 88 abstentions), les eurodéputés avaient appelé tous les pays de l'UE à faire de même en adoptant une "position ferme et unifiée".
Cette résolution a été présentée au nom du groupe PPE par Esteban González Pons, le porte-parole du PP d'Espagne et Premier vice-président du Groupe populaire européen (PPE) au Parlement européen.
Pour quelles raisons le parlement européen reconnait-il Juan Guaido comme président par intérim du Vénézuela ?
Nicolas Maduro a été élu en mai dernier à l'issue d'élections considérées par tout le monde et en particulier par l'UE, comme des élections truquées. Il était seul candidat. L'opposition n'a pas voulu y participer parce qu'elle savait que ces élections n’allaient pas être des élections libres. Et finalement, c’est ce qui s’est passé… Personne dans le monde entier ne peut accepter ce genre d’élections. Ainsi, Nicolas Maduro n’est pas le président légitime du Venezuela.
Juan Guaido représente le seul pouvoir démocratique légitime au Venezuela, car en tant que président du parlement, il a été élu par les citoyens selon des élections parlementaires claires et reconnues dans le monde entier.
Cependant, nous ne reconnaissons pas Juan Guaido comme président du Venezuela. Nous disons qu’il est le président par intérim du Venezuela et qu’il a l’obligation de convoquer immédiatement une élection présidentielle.
Selon vous, Nicolas Maduro, vous l'avez dit, est un tyran ?
J’ai été à Caracas et j’ai eu l’occasion de voir la faim et la violence dans les rues. J’ai vu des mères incapables de donner à manger à leurs jeunes enfants. J’ai vu des personnes atteintes de maladies graves, n’ayant aucun traitement. Des jeunes ont été jetés en prison car ils défendaient des idées différentes de celles du gouvernement…J’ai rencontré beaucoup d’opposants qui ne se sentent pas libres dans leur propre pays. Oui, c’est un tyran car son pays n’est pas libre, il a instauré une dictature.
Pour autant, 30 à 35% de la population soutiennent Nicolas Maduro...
Je suis espagnol, je suis né en 1964 et je me souviens de ce moment lorsque Franco est mort, en 1974. Près de la moitié du pays le pleurait. Il a fallu attendre une longue période avant de réussir à dire au-revoir à Franco et au Franquisme. Je comprends qu’une partie de la population continue de soutenir Nicolas Maduro, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit heureuse de la situation dans laquelle elle vit au Venezuela. 100% des citoyens veulent une réelle démocratie.
L’Italie et la Grèce ne veulent pas suivre les 14 pays européens dans leur reconnaissance de Juan Guaido en tant que président par intérim.
Oui, de la même manière que la Chine, la Russie et Cuba soutiennent Nicolas Maduro… Les pays doivent choisir s’ils veulent être du côté des grandes démocraties qui soutiennent Juan Guaido ou du côté de Nicolas Maduro.
La Grèce et l’Italie sont pourtant des pays démocratiques…
Oui, ils le sont. Mais ils ont choisi d’être du même côté que la Russie, la Chine et Cuba.
Certains soupçonnent les pays occidentaux de vouloir écarter Nicolas Maduro en raison d’intérêts économiques.
Non, il s’agit d’intérêts humains. Je le répète, j’ai vu la misère dans les rues de Caracas. Il faut venir en aide aux vénézuéliens. Le Venezuela a besoin de vivre une révolution démocratique pacifique. Le soutien apporté par les États-Unis est important, mais je défends l’aide de l’Union européenne, bien plus que celle des États-Unis. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que dit Donald Trump. Je défends les valeurs de l'Union européenne.
Je pense qu’à court terme, les vénézuéliens demanderont à Nicolas Maduro de partir. Il faut que ça se fasse pacifiquement.
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