Cela fait plusieurs semaines que les tensions s'accumulent au sein de Proximus, après que l'entreprise ait annoncé en janvier dernier, un plan de transformation de l'entreprise, impliquant 1900 départs et 1250 embauches, ainsi que des économies de 240 millions d'euros, à réaliser d'ici 2022.
Proximus avance que dans l'optique d'une nouvelle stratégie numérique, des transformations doivent être rapidement effectuées. Les syndicats qui veulent limiter les pertes d’emplois, souhaitent proposer un plan alternatif.
Des rencontres ont déjà eu lieu ces quatre derniers mois entre la direction et les syndicats mais c'est finalement ce lundi que tous se sont réunis en conseil paritaire extraordinaire pendant plus de 2h30 pour discuter des mesures élaborées par le personnel et les délégués afin de sauver l'entreprise Télécom.
Divergences
Les mesures ont été reçues "poliment" selon Jean Claude Philippon, président national du SLFP au sein du groupe Proximus. "L'entreprise n'a pas la même façon d'adapter le problème que nous", explique-t-il. "Le management veut faire progresser l'entreprise mais les employés aussi. C'est uniquement sur la façon d'y arriver que nous divergeons actuellement".
Même son de cloche du côté de Laurent Malangreau, vice-président CGSP pour le secteur télécom-aviation. "Ils sont venus avec un plan destructeur et relativement peu innovateur et nous leur avons prouvé qu'il y a un réel potentiel avec les employés de Proximus qui peut porter haut la société. Mais pour cela, il faut avoir la volonté d'innover", estime-t-il.
Au niveau de l'employabilité, des fonctions au sein de Proximus sont amenées à disparaître mais Jean-Claude Philippon se dit convaincu que les personnes qui occupent ces fonctions peuvent être formées à de nouvelles tâches. Des économies sont également prévues dans les propositions soumises à la direction, même si toutes n'ont bien sûr pas été dévoilées.
Stéphane Daussaint, responsable général CSC Transcom, préconise également d'autres alternatives, à l'image de l'ouverture de l'entreprise à de nouvelles activités. "Pourquoi ne pas aller chercher de nouveaux revenus, dans la fibre optique ou la télévision, plutôt que de faire des économies sur le personnel?", explique-t-il.
"Un licenciement sec reste un licenciement de trop"
Alors que Proximus a souvent recourt à des entreprises externes, ou le personnel est formé par les employés de Proximus, le syndicat chrétien souhaiterait que ce travail revienne chez Proximus et avance la piste de la reconversion des employés. "Nous restons persuadés que via la formation et une certaine mobilité fonctionnelle, il y a moyen de faire avec le personnel en place à l'heure actuelle", rajoute Stéphane Daussaint.
A la sortie de la réunion, Jean-Claude Philippon se voulait toutefois confiant. "Nous sommes persuadés qu'avec les propositions que nous avons faites, nous pouvons éviter ces 1900 pertes d'emploi".
Les syndicats se disent ouvert à la négociation concernant les départs volontaires mais pas les départs forcés. "Pour les organisations syndicales, un licenciement sec reste un licenciement de trop", selon Stéphane Daussaint.
Il considère que malgré les probables diminutions d'emploi, la situation actuelle de Proximus permet une marge de manœuvre. "Il y a une nécessité de faire évoluer l'entreprise pour la pérenniser. Nous ne sommes pas face à une entreprise en difficulté, il y a donc des marges pour pouvoir transformer Proximus".
Les syndicats ne sont donc pas prêt d'écouter un plan qui inclurait des licenciements secs. Mais si les réponses aux contre-propositions s'avèrent satisfaisantes du côté de la direction, des négociations devraient prochainement être entamées entre chacune des parties. "On a ouvert notre champ de vision par rapport aux possibilités et pour porter Proximus au plus haut. La balle est dans leur camp", conclue Laurent Malangreau.
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