L’OCDE et l’Union européenne viennent de publier un rapport (en anglais) édifiant sur l’évolution des niveaux de vie des immigrés, ces dix dernières années.
Prises dans leur ensemble, les données statistiques montrent que si de nombreux pays occidentaux ont considérablement amélioré l’intégration des personnes étrangères sur le marché du travail et dans la vie quotidienne, il reste encore beaucoup de défis à relever.
L’immense potentiel de ces immigrés n’est pas encore assez exploité, souligne le rapport, ce qui entrave à la fois la croissance économique des pays d’accueil et une véritable inclusion sociale des migrants.
Éducation: à la fois plus diplômés et moins scolarisés
Les différences avec les autochtones sont perceptibles dès la sortie des écoles. Dans les pays de l'OCDE, 37% des personnes immigrés ont un niveau d'instruction élevé, soit 5 points de plus que les personnes nées dans le pays. C’est 7% de plus qu’il y a dix ans.
En revanche, dans l'UE, environ 15% des personnes âgées de 15 à 64 ans non originaires de l’union ne sont pas allées plus loin que l'enseignement primaire. Bien que cette part ait légèrement diminué au cours de la dernière décennie, elle reste 3 fois plus élevée que chez les personnes nées dans le pays.
Encourageant: les niveaux de scolarité et les résultats des jeunes dont les parents sont immigrants ont également augmenté dans la plupart des pays au cours de la dernière décennie. Cependant, ces enfants d’immigrés continuent de prendre du retard par rapport à leurs pairs de parents nés dans le pays, notamment en Europe.
C’est l'inverse dans seulement quelques pays de l'OCDE non membres de l'UE, comme le Canada.
Sur le marché du travail : à la fois surqualifiés et plus touchés par le chômage
Le rapport souligne que les immigrés n’ont pas réussi à traduire leur niveau d’éducation globalement plus élevés, en meilleurs jobs sur le marché du travail.
Alors que les hommes immigrés ont un taux d'emploi supérieur de 3 points de pourcentage à celui des hommes nés dans le pays, les femmes immigrées ont un taux inférieur de 1 point à celui de leurs homologues nés dans le pays.
Les écarts entre les immigrantes et les femmes nées dans le pays sont particulièrement importants en Belgique et en France (14 points de pourcentage) et aux Pays-Bas (presque 17 points).
Lorsqu'elles sont employées, les immigrantes occupent également plus souvent des emplois à temps partiel et peu qualifiés - notamment en Europe du Sud (sauf au Portugal).
Enfin, le constat n’est pas neuf : dans tous les pays de l'OCDE et de l'UE, le taux de chômage des immigrants reste supérieur à celui des personnes nées dans le pays. Les différences se sont creusées ces dix dernières années, notamment dans le sud de l'Europe, en raison de la crise économique de 2008, ce qui accroit les inégalités avec les personnes nées dans le pays.
Conditions de vie : à la fois plus de pauvreté et plus d'inégalité
Dans pratiquement tous les pays de l'OCDE et de l'UE, les immigrés sont surreprésentés parmi ceux qui ont le revenu le plus bas.
Conséquence, la pauvreté relative est aujourd'hui plus répandue dans cette catégorie de population. C'est encore plus vrai depuis dix ans : les taux de pauvreté des immigrés ont augmenté de 1 à 5 points de pourcentage, alors qu’ils sont restés stables chez les autochtones.
En particulier, chez les jeunes, le taux relatif de pauvreté infantile dans les ménages d'immigrés est deux fois plus élevé que dans les ménages nés dans le pays. Cette tendance est plus marquée en Espagne et dans plusieurs autres pays de l’UE, tels que l’Autriche, la France et les Pays-Bas.
Dans le même temps, l’inégalité des revenus des personnes nées à l’étranger tend à être plus large que celle des personnes nées dans le pays.
Intégration sociale : à la fois attachés au pays d'accueil et tentés par le communautarisme
La plupart des migrants de l’OCDE (80%), ont un fort sentiment d’appartenance au pays d’accueil.
En revanche, près de 14% des étrangers en Europe disent être victime de discrimination ethnique ou raciale. Un tiers d’entre eux disent habiter dans des quartiers où leur communauté est fortement représentée.
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