Il y a 50 ans, Neil Armstrong et Buzz Aldrin posaient pour la première fois un pied sur la Lune. Cinq autres missions ont été se poser là-haut dans les trois années qui ont suivi, et puis plus rien. Aujourd’hui, toutes les grandes puissances relancent des programmes pour aller sur la Lune — les États-Unis, la Chine, l’Inde, l’Europe, la Russie — mais les motivations ont bien changé.
La course à la Lune reste un enjeu scientifique, politique, symbolique, mais aussi surtout économique. Tout d’abord parce qu’il y a de plus en plus d’entreprises privées qui s’y intéressent, et ces entreprises le font pour gagner de l’argent, mais aussi parce que des ressources naturelles et des minerais précieux sont présents sur la Lune.
Ouvrir des mines sur la Lune, serait-ce moins cher que d’en ouvrir sur la Terre ? Ce n’est bien sûr pas encore le cas en ce qui concerne les minerais qui sont encore présents sur Terre et qu’on peut encore exploiter. Le problème est que certains de ces minerais sont en train de s’épuiser et qu’ils sont indispensables à l’économie mondiale, en tout cas tel qu’elle fonctionne aujourd’hui.
Un grand pas pour l’économie
C’est particulièrement vrai par exemple pour l’hélium 3, nécessaire à la fusion nucléaire, probablement la manière dont on produira un jour de l’électricité, par opposition à la fission nucléaire aujourd’hui. A titre indicatif, il ne faut qu’un seul kilo d’hélium 3 par an pour toute la consommation mondiale. "C’est très intéressant parce qu’on n’en trouve pas sur Terre, tandis qu’elle est en abondance sur la Lune. On se rend donc bien compte que ramener un kilogramme d’hélium 3 sur la Terre va être intéressant au niveau économique. On ne le fera que pour les ressources les plus précieuses : l’hélium 3, mais également les minerais de plus en plus rares sur Terre qui servent dans la haute technologie", explique Emmanuël Jehin, astrophysicien à l’Université de Liège.
Mais comment peut-on gagner de l’argent en allant là-bas alors que le voyage coûte si cher ? Avant toute chose, la Lune est un excellent tremplin vers Mars et le reste de l’espace. Ce qui consomme le plus de carburant quand on va dans l’espace, c’est de s’arracher de l’attraction terrestre.
Le défi pour Emmanuël Jehin, afin de faire des économies dans les programmes de découverte de Mars et du reste de l’espace est de partir depuis la Lune. "Si on peut sur la Lune établir une base qui permettra notamment de fabriquer le carburant lunaire et de récolter de l’eau, sur la Lune on pourrait réussir à former des fusées plus intéressantes pour des directions plus lointaines du système solaire qui restent encore à être explorées. Ça reste du business d’explorer le système solaire et tous ceux qui arriveront à faire les vaisseaux spatiaux les moins chers seront ceux qui remporteront les marchés".
La Lune pourrait donc rapporter gros. La banque d’affaires américaine JP Morgan estime que le chiffre d’affaires du secteur est aujourd’hui de 350 milliards de dollars et 1000 milliards de dollars d’ici 20 ans, selon les estimations. Retourner sur la Lune serait donc un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’économie.
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