73% des Belges ne connaissent pas l’architecture du système belge des pensions en trois piliers. 34% des Belges ne savent pas à quoi servent leurs cotisations. 61% des Belges sous-estiment le temps moyen durant lequel un retraité bénéficie d’une pension. Quelques chiffres épinglés dans l’Observatoire des pensions de la banque CBC. Il en ressort une méconnaissance de notre système pour une majorité des gens.
Le problème pour Alexia Autenne, professeur à l’UCLouvain et spécialiste des pensions, c’est que quand on méconnaît une politique publique, c’est difficile d’y souscrire : « C’est un vrai problème, parce que pour qu’un système de pension soit accepté socialement, les gens doivent pouvoir y adhérer. Il doit être perçu comme juste, comme légitime, comme efficace, parce qu’on est dans un système qui concerne tout le monde, les jeunes, les vieux, la retraite, la vieillesse, les revenus de remplacement ça concerne tout le monde ». Et aujourd’hui, cette compréhension fait défaut.
Ce ne signifie pas que les gens n’adhèrent pas au système tel qu’il existe aujourd’hui : « les gens sont dans le système des pensions, c’est comme ça » tranche Alexia Autenne. Par contre, cela pose problème particulièrement quand il s’agit d’aborder les réformes du système des pensions. « Le déficit de légitimité accentue les difficultés à réformer les systèmes de pensions alors même que nous sommes dans un contexte de vieillissement de la population où une série de réformes sont nécessaires. Une méconnaissance rend les politiques publiques en matière de pensions assez sensibles et compliquées ».
Manque de préparation
Une autre conséquence du déficit de connaissance de notre système c’est le manque d’anticipation. Si l’on ne sait pas quand on partira à la retraite, combien de temps on pourrait y rester, quel montant on touchera,… difficile de préparer ses vieux jours. Clemens Scholzen, CEO de CBC Banque et Assurance qui présente ces chiffres aujourd’hui, le voit bien au quotidien avec ses clients: « Les gens sous-estiment leur pension, sous-estiment le nombre d’années durant lesquelles ils doivent cotiser, ça peut amener à des situations de pauvreté le jour où ils seront à la retraite ».
Simplifier le système? Compliqué!
Faut-il dès lors simplifier le système des pensions pour qu’il soit plus lisible ? « C’est certainement une bonne voie » pour Alexia Autenne, mais simplifier implique de grosses réformes… mal acceptées si elles sont mal comprises. C’est le serpent qui se mord la queue : « C’est paradoxal », reconnaît la chercheuse de l’UCLouvain. « Simplifier c’est très compliqué. Le système a été construit par strates au fil du temps pour répondre à toute une série de questions et de cas particuliers. Si on veut toucher à cet équilibre, il faut procéder à des changements qui eux-mêmes sont sensibles ».
Simon Bourgeois, RTBF
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