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Ukraine: un comédien favori du premier tour d'une présidentielle imprévisible

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Ukraine: un comédien favori du premier tour d'une présidentielle imprévisible

Les Ukrainiens se rendent dimanche aux urnes pour le premier tour d'une présidentielle hautement imprévisible, avec un comédien sans expérience politique en tête des sondages et des enjeux considérables pour ce pays situé aux portes de l'Union européenne, en proie à un conflit armé.


Inattendue, l'ascension fulgurante de l'acteur et entrepreneur du spectacle Volodymyr Zelensky s'inscrit dans une tendance mondiale de défiance envers les élites particulièrement forte en Ukraine, où ces dernières ont été éclaboussées par de multiples scandales de corruption et où la population est éprouvée par cinq années de guerre et de lourdes difficultés économiques.


Parmi les 39 candidats en lice --du jamais vu-- Volodymyr Zelensky devance de loin ses rivaux avec 25% à 28% des intentions de vote, selon trois sondages publiés mercredi et jeudi.


Il devance deux poids lourds de la politique ukrainienne: le président sortant Petro Porochenko, 53 ans, et l'ex-Première ministre parfois taxée de populisme Ioulia Timochenko, 58 ans. Si un sondage les donne au coude à coude avec environ 17% des intentions de vote, les deux autres placent le chef de l'Etat devant sa rivale avec 18% et 22% contre respectivement 13% à 15%.


A 41 ans, la seule expérience du pouvoir de M. Zelensky se résume à son rôle dans une série télévisée, où il incarne un professeur d'histoire devenu subitement président. De quoi susciter des doutes chez ses détracteurs sur sa capacité à gouverner à un moment crucial pour l'un des pays les plus pauvres d'Europe, qui s'est résolument tourné vers l'Occident en 2014 et traverse depuis la pire crise depuis son indépendance en 1991.


Une victoire de M. Zelensky constituerait "un énorme défi pour le pays", avertit Mykola Davydiouk, analyste du centre "Politika" à Kiev, interrogé par l'AFP.


Les supporters de M. Zelensky comprenant de nombreux jeunes qui ont tendance à moins voter, son score électoral pourrait s'avérer inférieur aux intentions de vote, préviennent les analystes.


**Moscou en ligne de mire**


L'arrivée des pro-occidentaux au pouvoir à Kiev en février 2014 dans la foulée du soulèvement pro-européen du Maïdan, réprimé dans le sang, a été suivie par l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée.


Peu après, la guerre avec les séparatistes prorusses a commencé dans l'est du pays faisant depuis près de 13.000 morts, un bilan qui continue de s'alourdir.


Alors que ce conflit est largement vu en Ukraine comme une "guerre d'indépendance" avec la Russie, accusée de soutenir militairement les séparatistes, les trois candidats en tête des sondages plaident en faveur de la poursuite du rapprochement avec l'Occident.


"Nous ne retournerons jamais dans l'URSS, ni dans l'empire russe", a martelé jeudi soir Petro Porochenko à l'issue de son dernier rassemblement électoral à Lviv, bastion nationaliste, auquel plusieurs milliers de personnes ont assisté.


"L'indépendance de l'Ukraine sera garantie par notre adhésion à l'Union européenne et à l'Otan et par l'armée ukrainienne", a poursuivi le chef de l'Etat, assurant "n'avoir aucun doute" dans sa victoire à la présidentielle.


M. Porochenko a mis en garde contre des "expériences populistes" de Ioulia Timochenko et l'a surnommée "Madame la Crise", invoquant des pénuries de certains produits de consommation pendant son passage au gouvernement.


Ioulia Timochenko promet aux Ukrainiens de faire revenir "la paix et les territoires occupés" et de diviser par deux les prix du gaz, au risque de fâcher les bailleurs de fonds de Kiev.


**Marionnette**


Le favori des sondages, lui, n'a pas mené de campagne traditionnelle, s'exprimant essentiellement via des vidéos sur les réseaux sociaux et continuant à se produire dans les spectacles humoristiques de son studio "Kvartal 95".


Ses partisans voient en lui une bouffée d'air frais et une chance de changement pour le mieux, mais ses détracteurs l'accusent être une marionnette du sulfureux oligarque Igor Kolomoïski.


Si M. Zelensky nie toute liaison politique avec cet homme d'affaires, la télévision de ce dernier, 1+1, lui consacre une couverture abondante et plutôt positive.


Samedi, journée où toute campagne est censée être interdite, la chaîne consacrera près de sept heures d'antenne à des spectacles avec le comédien et à un documentaire sur Ronald Reagan, acteur américain élu président dont la voix sera doublée M. Zelensky.

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