"Même pour un réchauffement de l'ordre de 1,5°C en 2040-2050, on s'attend à un doublement de la fréquence des canicules dans des régions comme la France ou la Belgique", explique jeudi dans L'Echo la climatologue française Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), coprésidente au Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec).
"Le fait d'avoir cet épisode très chaud, c'est une situation atmosphérique particulière, une forme de hasard. Mais dans un climat qui se réchauffe, ce type de phénomènes est appelé à devenir plus fréquent et plus intense: on en voit une des manifestations et il faut s'attendre à ce que ça se poursuive", assure la climatologue, alors qu'une température record de 39,9°C a été constatée pour la première fois depuis le début des observations en 1833.
"Même si l'on parvient à aller vers la neutralité carbone et à maîtriser le réchauffement global, le niveau des mers va continuer de monter pendant très longtemps. Mais déjà aujourd'hui: on voit qu'on n'est pas prêts au climat que nous vivons et sa variabilité", poursuit celle qui a été élue par la revue "Nature" comme l'une des dix personnalités de l'année 2018.
A l'heure actuelle, seuls des systèmes d'alerte sont mis en place face à des vagues de chaleur, pointe-t-elle, or "on peut s'interroger sur l'aménagement de nos modes de vie", recommande la climatologue. "Ce qui est aujourd'hui un été extrême, ça sera la norme dans quelques dizaines d'années", assure-t-elle encore.
"Pour contenir le réchauffement à 1,5°C, la fenêtre d'opportunité qui nous reste est minuscule (...) il n'y a pas un seuil qui permet d'éviter le risque climatique: on le voit aujourd'hui, des effets à 1°C. Plus le climat se réchauffe, plus il est possible qu'on ait des changements importants, parfois rapides, souvent irréversibles, mais le niveau de réchauffement auquel ces points de bascule peuvent se mettre en oeuvre reste très incertain", conclut-elle.
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