Au Danemark, la troisième banque du pays propose des crédits hypothécaires à taux négatifs. Cela veut dire que des banques payent leurs clients pour emprunter. En l’occurrence il s'agit d'un emprunt à -0,5% à taux fixe sur 10 ans : celui qui emprunte 100 000 euros dans cette banque danoise, il ne devra rembourser que 99 500 euros. Autrement dit, la banque vous paye 500 euros pour emprunter chez elle. Ça, c’est pour le slogan publicitaire. Mais lorsqu'on lit attentivement les conditions générales du contrat, on constate qu'il faut compter en réalité en plus des frais de dossier, une assurance incendie à prendre dans cette banque, une assurance solde restant dû et qu'il faut rapatrier ses comptes dans cette banque. La banque vous paye donc bien effectivement pour emprunter — les 500 euros — mais c’est largement compensé par toute une série de services annexes qui font au final que vous n’allez pas gagner de l’argent en empruntant chez eux, mais simplement en dépenser un peu moins.
Qu’est-ce qui pousse une banque à perdre de l’argent pour prêter de l’argent ? Si elle ne faisait pas, elle perdrait sans doute encore plus. En fait, les banques ont des liquidités, l’argent qu’on dépose chez elles. Si elles le placent à la banque centrale, où les taux sont négatifs, elles perdent de l’argent. Elles préfèrent donc le prêter à des taux très faibles, même légèrement négatifs, plutôt que de laisser dormir cet argent, où il perdrait de la valeur. Elles préfèrent donc que cet argent circule, cela leur coûte moins cher, d’autant qu’en même temps la Banque centrale européenne continue de leur prêter pour qu’elles se refinancent à 0%. Dans ce contexte économique assez inédit, pour Philippe Parant, courtier en crédit hypothécaire chez Wilink, les taux négatifs sont une manière pour les banques d’attirer de nouveaux clients : "On peut considérer que le crédit hypothécaire est aujourd’hui un produit d’appel et que c’est un produit rentable, puisqu’on remarque aujourd’hui que les marchés boursiers sont relativement volatils, que les gens sont frileux et que le carnet d’épargne ou même les obligations ou les produits branche 21 assurance ne rapportent rien. Donc, globalement, si les banques veulent aujourd’hui gagner de l’argent, elles doivent faire venir le client chez elles via le crédit hypothécaire".
Y aura-t-il en Belgique, des taux négatifs sur un crédit hypothécaire ?
Les banques perdent donc un peu d’argent sur les crédits hypothécaires pour en gagner plus par ailleurs. Résultat : les gens empruntent puisque les conditions sont intéressantes. Et c’est précisément l’objectif de la Banque centrale européenne, qui fait tout pour le moment pour encourager la consommation et pour décourager l’épargne, pour relancer l’économie. C’est la conclusion d’un économiste qui explique que, même si le Danemark ne fait pas partie de la zone euro, il en dépend quand même très fort. Et dans ce pays ces taux négatifs sont la conséquence directe de la politique accommodante de la Banque centrale européenne.
Y aura-t-il en Belgique, des taux négatifs sur un crédit hypothécaire ? Les taux sont déjà particulièrement bas, mais Philippe Parant ne croit pas qu'ils basculeront sous la barre symbolique du 0% : "Je ne suis pas tout à fait convaincu que cela arrivera en Belgique parce que les prestations des intermédiaires qui interviennent dans le crédit sont incorporées dans le taux, ce qui n’est pas nécessairement le cas ailleurs. De toute manière, il faut pouvoir payer ce prestataire. Donc, selon moi, non".
Les coûts inclus dans le taux d’intérêt ne sont pas tout à fait les mêmes en Belgique et au Danemark. Malgré tout, les taux d’intérêt restent faibles chez nous. L’argent est particulièrement bon marché pour le moment.
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