André Flahaut, ancien président de la Chambre et ministre sortant du Budget en Fédération Wallonie-Bruxelles était l’invité de Matin Première ce mercredi. Il a évoqué les négociations en cours, le rôle des informateurs alors qu’il a été médiateur royal en 2010 ainsi que la possibilité d’une nouvelle réforme de l’état, dont le PS "n’est pas demandeur".
"Le gouvernement wallon, on y travaille sérieusement et ça avance. Le gouvernement flamand, on ne sait pas ce que ça va donner. Bruxelles, c’est fait. Au niveau fédéral, le PS a répondu à l’invitation des deux informateurs. Il était indispensable que le PS réponde à cette invitation et aujourd’hui la balle est dans le camp des informateurs." Le ministre wallon fait l’état des lieux des négociations en cours dans les différents niveaux de pouvoir de Belgique. Des couches de la lasagne institutionnelle qui présentent chacune leurs difficultés.
Une note wallonne sur la table après le 15 août
Après Bruxelles, c’est en Wallonie que la perspective de la formation d’un gouvernement semble la plus proche. Après avoir subi coup sur coup le revers du cdH, non enclin à se positionner dans une majorité, puis du PTB, qui martèle ne pas vouloir appliquer les "mêmes recettes" que lors des précédentes législatures, les possibilités du PS sont réduites drastiquement. Les socialistes se retrouvent donc autour de la table avec le MR et Ecolo.
L’arrivée des libéraux dans les négociations rend les écologistes dispensables à une majorité. Serait-il alors possible que le PS qui tient les rênes des négociations décide de se désolidariser des verts ? "Nous avons toujours dit qu’il fallait un gouvernement le plus progressiste possible. La note de base avec Ecolo constitue un socle, répond André Flahaut, avant de justifier cette association presque forcée avec les libéraux. "Aussi, nous avons toujours dit aussi qu’il fallait un réalisme politique en constatant qu’il est nécessaire d’avoir une majorité la plus solide et la plus stable possible en région wallonne."
Il assure aussi que le président des socialistes et principal négociateur en Wallonie "travaille" sur un projet de note Projet "qui sera sur la table des négociations après le congé du 15 août".
Le blocage fédéral
Reste alors le niveau fédéral. Comme ses homologues francophones et néerlandophones, le parti socialiste a été consulté par les informateurs royaux, Didier Reynders et Johan Vande Lanotte. "Nous avons fait part de toutes nos priorités", commente André Flahaut. Les socialistes attendent donc de voir le contenu de la note qui sera transmise par l’élu libéral et le socialiste flamand pour savoir quelle attitude adopter.
"C’est aussi une question de rapport de force", ajoute l’élu. Il estime néanmoins que le PS occupe une place forte dans les négociations comme l’a indiqué Thierry Bodson, secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, au micro de La Première ce mardi, "Oui, nous sommes aussi importants. Le PS est le premier parti francophone du pays avec 20 sièges, la N-VA en a 25", se félicite-t-il, confirmant par la même occasion que les socialistes doivent se poser en acteur majeur des négociations à venir.
Si André Flahaut n’a jamais été missionné en tant que "négociateur", il a occupé la fonction de "médiateur royal" en 2010, à l’aube de la 7e réforme de l’Etat. Il estime toutefois que la situation est "fondamentalement différente". "Aujourd’hui, nous avons un gouvernement en affaires courantes qui n’a plus une majorité au Parlement et qui est ultra-minoritaire. Il y a des échéances qui s’approchent, notamment au niveau européen, il y a des préoccupations au niveau budgétaire, il faudra apporter des réponses." Le socialiste évoque aussi de "très grandes difficultés" en évoquant la "configuration de la chambre où il n’y a plus de gouvernement qui a une majorité et un gouvernement d’assemblée". "Ce n’est pas notre modèle, ni les gouvernements minoritaires d’ailleurs", rappelle-t-il.
Vers une 7e réforme de l’État ?
Quelle clé permettra alors de débloquer la situation afin d’aboutir à la formation d’un gouvernement le plus rapidement possible. "Autant à la région wallonne, il n’y a pas possibilité de nouvelles élections. Autant au niveau fédéral, il pourrait y avoir de nouvelles élections et je ne suis pas sûr que cela apporterait une solution car tout le monde sait que lorsque deux élections se suivent, la deuxième accentue toujours la première et nous avons vu les résultats de la première avec les partis extrêmes", indique-t-il.
La seule solution est-elle alors une nouvelle réforme de l’Etat ? "Nous ne sommes pas demandeurs", répond en tout cas André Flahaut. Il estime que certaines urgences, "l’urgence climatique, l’urgence sociale…", seraient occultées et mises de côté par une nouvelle réforme institutionnelle. On se préoccupera de ça sans s’occuper des urgences: l’urgence climatique, l’urgence sociale,… Est-ce que le pays va s’engager dans une 7e réforme ou des accommodements seront possibles ?
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