Politique

Décès de Jean-Pierre Van Rossem: un trublion des affaires et de la politique

https://belgiumobserver.be/politics/deces-de-jean-pierre-van-rossem-un-trublion-des-affaires-et-de-la-politique?1059 BelgiumObserver.be
Décès de Jean-Pierre Van Rossem: un trublion des affaires et de la politique

On a appris ce matin le décès à l'âge de 73 ans de Jean-Pierre Van Rossem, ancien gourou flamand de la finance et homme d'affaires tombé pour escroquerie, ancien dirigeant de sport automobile et ancien député fédéral tendance libertaire. 





Un député qui avait perturbé la prestation de serment du roi Albert II par un cri de "vive la république". En résumé: un provocateur né resté jusqu'au bout un "bekend", une célébrité au nord du pays. 


Jean-Pierre Van Rossem c'était d'abord ce look "grunge" avant l'heure, improbable, barbe et cheveux longs, une éternelle cigarette à la lèvre jusqu'en mai dernier où des ennuis de santé, sérieux, l'avaient convaincu d'arrêter une consommation de dizaines d'années à 8 paquets par jour.


Un gourou


Jean-Pierre Van Rossem, né à Bruges le 29 mai 1945, économiste devenu riche, très riche dans les années 80 avec Moneytron, sa société d'investissements cotée en Bourse qui promettait profit sans fins en anticipant les cours boursiers.


L'homme avait alors Ferrari, jet privé, yacht, des châteaux, des toiles de maîtres et des clients milliardaires ou industriels. De plus en plus d’investisseurs finissent par croire à la martingale et s’adressent au gourou pour lui confier leurs économies. 


L'homme, avec un sens inné de la communication et du spectacle, était alors dans tous les médias. Avec un succès jusqu'à posséder une écurie de Formule 1 Onyx en course durant une vingtaine de Grands Prix.


Rossem, le parti seul homme


En 1991, il lance son parti Rossem (pour "Radicale omvormers en sociale strijders voor een eerlijker maatschappij") en politique, anarchiste, populiste et libertaire, qui décroche aussitôt 3 sièges à la Chambre, un au Sénat.


1993, vient donc le coup d'éclat au Parlement où Jean-Pierre Van Rossem répète à sa façon le cri de Julien Lahaut qui avait, lui, perturbé la prestation de serment de prince royal de Baudouin en 1950 - un cri que le leader communiste paya de sa vie, finissant assassiné par des partisans du camp royal.


Le député Van Rossem avec son "Vive la république d'Europe, vive Julien Lahaut", finira, lui, la cérémonie aux arrêts dans son bureau.


Ennuis judiciaires


Vient le temps de la lente chute, avec le retour des ennuis judiciaires. 5 ans de prison pour escroquerie, car l'argent de ses clients Moneytron finissait souvent sur ses comptes avant de partir vers des réseaux criminels.


Un beau système de Ponzy où le nouvel argent entrant de nouveaux clients sert à couvrir les intérêts dus aux anciens. Jean-Pierre Van Rossem a souvent prétendu avoir vu passer entre ses mains "891 millions d'euros lors des beaux jours".


En 2000, nouveau come-back dans les médias, il lance une société de fabrication de vélos, relance son parti aux communales de 2012 - il avait un temps envisagé de défier Bart De Wever à Anvers, avant de renoncer -, puis aux élections de 2014 (fédérales et régionales), mais le succès est passé.


En octobre de cette année, nouvelle condamnation à 2 ans de prison ferme, 12.000 euros d'amende et la confiscation de 390.000 euros pour fraude fiscale, faux, escroquerie, blanchiment. Le fisc ne comprenait pas comment, avec une petite pension, il pouvait continuer à afficher un style de vie luxueux avec visites de grands restaurants, achats de bijoux et voyages à l'étranger (Russie, Égypte, Miami, Venise ou Zurich) possiblement avec de l'argent caché en Suisse provenant de Moneytron. 


Frappé par plusieurs deuils récents - dont sa nouvelle compagne, victime d'une erreur médicale -, malade lui-même, l'homme avait perdu de sa superbe. Il est décédé ce matin dans un modeste appartement de Kapelle-op-den-Bos, dans le Brabant flamand,  appartenant à son fils. N'y figuraient plus que des tableaux à lui, reproduisant ses anciennes voitures de sport. 


Mardi, la télévision flamande "Vier" diffusait encore un documentaire à sa gloire... passée. Il y confiait certes avoir commis plein d'erreurs mais, concluait-il, "sans elles cela n'aurait pas été aussi passionnant"...


RTBF.BE

Leave a comment