En Wallonie, les négociations à trois se poursuivent. Les discussions semblent bien avancer, et PS, MR et Ecolo espèrent aboutir à un accord dans les 15 prochains jours, malgré quelques sujets qui restent sensibles. Le développement des aéroports régionaux en fait partie. Avec cette équation : comment concilier développement des activités et exigences environnementales ?
Poumon économique
L’aéroport de Liège, c’est un volume de 870 000 tonnes de frêt, ce qui en fait le 1e aéroport cargo de Belgique, le 7e à l’échelle européenne. Son voisin de Charleroi, c’est un éventail de 200 destinations et près de 8 millions de passagers par an.
Ensemble, ces deux pôles représentent plus de 10 000 emplois directs. Un poids économique considérable our la région.
Et leur développement se poursuit en permanence. Des dizaines de milliers de m² de nouveaux entrepôts sont annoncés à Liège, l’allongement de la piste de Charleroi est en cours, et ce ne sont que des exemples des investissements programmés.
Mais les activités d’un aéroport ont évidemment un impact non négligeable, sur l’environnement notamment. Et le sujet divise les partis.
Divergeances de vue
Dans leur "note coquelicot", synthèse rédigée à l’issue de leurs discussions post-électorales, le PS et Ecolo annonçaient la couleur : "Afin de concilier le développement aéroportuaire avec les objectifs de protection de l’environnement […] de santé publique et de qualité de vie des habitants, le gouvernement wallon veillera à encadrer le déploiement des activités des aéroports régionaux".
Une note qui proposait aussi de surveiller rigoureusement la qualité de l’air, des eaux de surface, des sols et même des fruits et légumes aux alentours des deux aéroports, en prenant en compte l’ensemble des résidus présents dans les gaz de combustion du kérosène des avions. Les deux partis s’engageaient par ailleurs à ne pas étendre la plage horaire d’exploitation de l’aéroport de Charleroi.
Une note immédiatement commentée par le ministre-président wallon sortant, Willy Borsus (MR), qui indiquait souhaiter "veiller aux normes environnementales" mais aussi vouloir "continuer le développement" des aéroports.
Plus tranchant, le vice-président de l’aéroport liégeois José Happart (PS) y voyait une copie un peu trop verte, prêtant à Ecolo la volonté de freiner le développement des aéroports régionaux dans "une folie et une fièvre radicale".
Transition en cours
Hasard du calendrier ou pas, l’aéroport de Liège a justement fait le point au cœur de l’été sur ses derniers investissements en vue de participer à la transition énergétique. Plus de 7000 panneaux photovoltaïques seront installés sur les installations avant le printemps 2020, et l’aéroport assure utiliser aujourd’hui déjà une électricité 100% verte.
Une communication semblable est aussi attendue dans les prochains jours du côté de Charleroi.
Bref, le sujet est sensible, et il fait partie des points que les négociateurs wallons abordent avec beaucoup de précautions. Les partis qui savent aussi que des investissements très importants sont par exemple annoncés au cours des prochaines années à l’aéroport de Lille. Et dans un marché aussi concurrentiel, tout signal, positif ou négatif, peut avoir des répercussions immédiates.
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