L’attitude du cdH et du PTB ne passe pas auprès de la FGTB wallonne. C’est le message martelé par Thierry Bodson, secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB. Au micro de Matin Première, il rappelle toutefois au PS qu’autant en Wallonie qu’au fédéral, ils occupent une position de force après un bilan gouvernemental peu favorable au duo MR/N-VA.
Si les discussions exploratoires en vue de déboucher sur une majorité en Wallonie sont gelés jusqu’au 15 août, les scénarios envisageables restent maigres. Le PS sera forcément allié au MR et les deux partis pourraient être rejoints par les écologistes. Ces deux possibilités écartent totalement l’éventualité d’un gouvernement de gauche qu’auraient pu former les socialistes avec Ecolo et le PTB. Est-on dès lors dans une forme de scénario redouté par la FGTB ? "En tout cas le scénario que j’espérais ne se passera pas", répond Thierry Bodson qui gère la branche wallonne du syndicat. Il évoque toutefois une situation très claire en termes de rapport de force au Parlement wallon. "On passe à côté d’une opportunité historique d’avoir une coalition à gauche en Wallonie qui est le reflet du vote des Wallons puisque 45 des 75 parlementaires wallons sont PS, PTB ou Ecolo", indique-t-il.
Le PTB et le cdH en ligne de mire
La faute à qui ? Pas de doute selon le syndicaliste qui rappelle que deux des cinq partis, "donc plus d’un quart des parlementaires", ont préféré l’opposition à une hypothétique coalition. "Je critique l’attitude de ces deux partis, ajoute le secrétaire général. Le cdH a dit avant même d’avoir négocié : 'Je reste dans l’opposition pour essayer de me refaire une santé' et le PTB a rompu après deux heures de négociation car, pour ce parti, entrer dans une coalition est synonyme d’une défaite pour les élections suivantes." Il estime que les deux formations politiques "ont pensé à elles et pas aux gens d’abord". "Je suis fâché par rapport à ce genre de décision car cela ne laisse en Wallonie que deux types de coalitions possibles. Soit l’arc-en-ciel PS-MR-Ecolo, soit une bipartite PS-MR. On a donc en quelque sorte volé l’exercice démocratique aux citoyens wallons."
Il rappelle que l’année 2019 a été marquée par un grand nombre de manifestations. Jeunes, travailleurs, gilets jaunes, Thierry Bodson estime que les attentes sont énormes du côté des citoyens. "Il faut essayer de répondre d’abord à ces questions-là avant de faire des calculs politiciens", conseille-t-il. Il juge "chaotique" le retour annoncé du MR qu’induit l’attitude des chrétiens-démocrates et du parti des travailleurs belges. "Regardez la politique de l’emploi chaotique qui a été menée lors du précédent gouvernement wallon. Une politique de l’emploi faite uniquement d’attaques et de provocation contre le non-marchand, contre le service public. Une concertation sociale qui était morte. Voilà vers quoi on retourne avec l’attitude que le cdH et le PTB ont prise."
MR et N-VA moins puissants qu’ils ne le pensent
Il rappelle ensuite les priorités de la FGTB. "On a mis en avant un relèvement du salaire minimum à 14 euros de l’heure, 2300 euros bruts par mois. Le retour de la pension à 65 ans, un relèvement important des allocations sociales et une réforme fiscale qui met à contribution les revenus autres que ceux du travail." Le Liégeois demande alors : "Qui peut croire un instant qu’avec le MR au pouvoir en Wallonie et avec le MR et la N-VA au pouvoir au fédéral, on va avancer sur ces priorités-là ? Qui peut croire un instant que des partis qui ont construit un certain nombre de choses contre le pouvoir d’achat et les citoyens vont tout d’un coup les déconstruire dans les mois qui viennent ?"
Selon Thierry Bodson, le problème va "au-delà de la mathématique et des majorités qui vont se mettre en place". L’important est pour ce mandataire de la FGTB de savoir "pour quoi faire ?". "Et là on constate que le PS est un peu bloqué", répond-il. Il estime que les rapports de force ne sont pas intangibles. "On considère souvent que la N-VA est quasi incontournable mais finalement la séquence qui est en train de se passer, avec le PTB, le cdH et Ecolo qui n’ont pas répondu à l’invitation, on se rend aussi compte que le PS est incontournable pour la constitution d’un éventuel gouvernement au fédéral." Il prend l’exemple du gouvernement flamand où, en excluant une alliance avec le Vlaams Belang, le parti de Bart de Wever a réduit considérablement ses possibilités.
"Le bulletin de la Suédoise n’est pas bon et ça rajoute un rapport de force de la famille socialiste"
Selon le secrétaire général de la FGTB wallonne, le PS "a plus de cartouches en main qu’il ne le pense car il n’y a pas une obligation de répondre systématiquement à des invitations lorsqu’on a à ce point le rapport de force pour soi". "Il y a aussi un certain nombre d’études qui sont en train de sortir et qui disent à quel point le bulletin du gouvernement de Charles Michel n’est pas bon. Il n’est pas bon en termes d’emplois créés par rapport aux pays qui nous entourent, en termes de croissance économique moins bonne que les autres pays, la sécurité sociale est en déficit de près de cinq milliards à l’horizon des deux ans qui viennent et les budgets de l’Etat ne sont pas faits et on va devoir très certainement terminer avec un déficit. Donc on a un bulletin de la Suédoise qui n’est pas bon et ça rajoute un rapport de force de la famille socialiste", martèle-t-il.
La FGTB est souvent qualifiée de "porte-parole du PS", dont les manifestations ont parfois des visées politiques. Thierry Bodson rappelle toutefois que le syndicat "ne viendra jamais en dedans des conseils de coalition". "Pour nous un gouvernement sera jugé sur base de sa façon à répondre à notre priorité. Une Suédoise élargie à la famille socialiste, on craint fort que cela ne réponde pas aux priorités de la FGTB", conclut-il.
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